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ERIC TERRIEN, profession marin

Le n.1 Français du stand up paddle nous a reçus chez lui, aux Canaries. A Fuerteventura, Eric Terrien a trouvé l'Éden qui lui permet de rayonner sur la discipline aux côtés des champions américains et australiens. Bienvenue à Corralejo où il conjugue au quotidien ses qualités de marin.

 

Eric Terrien se remet doucement d'une terrible séparation. Il y a quelques jours, il a dû se résoudre à abandonner sa légendaire Citroën ZX blanche. Bonne pour la casse… Au volant d'un 4x4 américain, il a plus de confort mais moins d'histoires savoureuses à raconter. Sur la piste qui mène au north shore de Fuerteventura, le quadruple champion de France convient que s'il voit mieux les spots, il fonce moins vite dans le sable fin.

Corralejo, un samedi midi de janvier. Le ferry jaune et noir vomit son flot de touristes. On est dans le cliché : bermudas, chemises à fleurs, bobs, appareils photos. Face au port, à la terrasse de la Luna, son QG, Eric se régale d'une salade de poulpe. Un en-cas bienvenu avant de retourner à l'eau. Ce matin, il a passé une bonne heure dans les vagues. Davantage à ramer qu'à surfer avec ce vent très fort. Entre deux coups de fourchette, il enchaîne les coups de fil et tente de trouver un bateau pour sortir sur Lobos. Ce caillou au large d'où il part pour de sacrés downwind quand le vent est de la partie comme aujourd'hui.

Cette zone, Eric la connait comme sa 12'6. Voilà plus de cinq ans qu'il y a posé ses planches après avoir passé sept années sur les autres îles depuis un premier séjour universitaire en 2002. « C'est un endroit parfait car j'y trouve toutes les conditions pour le stand up dans un rayon de seulement 5 kilomètres, explique-t-il. Ici, je peux faire du surf, de la race, je peux naviguer dans les vagues, sur le plat, en downwind. C'est un endroit superbe. » 

Loin de tout mais pas des vagues

Un terrain de jeu unique qui lui permet de sortir toute l'année. Un des secrets de sa domination sur la scène nationale et de ses résultats internationaux. « C'est un véritable avantage d'être basé aux Canaries, convient-il. Même si c'est un peu difficile en milieu de saison car j'habite un peu loin. Mais je profite ici de conditions excellentes toute l'année et particulièrement en hiver où je peux aller à l'eau dans un climat favorable. » 

Oubliés les frimas de la Loire d'où il est originaire, Eric se régale quand le soleil accable nos touristes couchés sous les parasols des hôtels qui défigurent le littoral. Sans doute est-ce parce que, enfant, il a rencontré sa passion des sports nautiques dans les eaux chaudes de l'île de La Réunion, qu'il vit aujourd'hui sa vie de pro dans l'archipel espagnol au climat sub-tropical. 

En boardshort en janvier

Malgré les 30 noeuds en rafale, il sort donc en boardshort sous ce beau soleil de janvier. Le chergui, ce vent venu du Sahara voisin d'une centaine de km à peine, chauffe la peau comme il assèche Fuerteventura. Suivi par le semi-rigide et son 300 chevaux qu'il a finalement dégoté, l'homme se fait marin pour flirter sur les clapots. S'offrant de longs surfs pour avaler la distance et filer vers le paysage désertique de Fuerte. L'eau turquoise fini de convaincre qu'il est bien au paradis. Un Éden dont il est l'unique locataire, ou presque, puisqu'il n'y a quasiment jamais d'autres adeptes du Sup ici.  

A Corralejo, Terrien est connu comme « le petit Français ». Un Jacques Mayol version rameur solitaire, qui sort par tout temps. Au club nautique où il range sa 12'6, les enfants le regardent avec de grands yeux. Lui qui n'hésite jamais à donner des conseils, voire des cours pour les plus jeunes qui rêvent de suivre son sillage. L'Espagnol est devenu sa langue d'adoption et il s'est fondu dans la population locale avec aisance. 

Préparation minutieuse

Le n.1 Français adapte ses journées en fonction des conditions météos : surf, rame ou entraînement en salle. Mais toujours selon un plan défini qui lui permet de travailler durant l'intersaison. Levé aux aurores, il s'offre immuablement deux sessions et du travail spécifique chaque journée. « Cette période est découpée en plusieurs parties qui me permettent d'avancer afin d'être prêt quand la saison reprendra », confie-t-il. Après un break de quinze jours au lendemain de la dernière compétition, « sans toucher une seule fois la pagaie », il a doucement repris le Sup. Et cerné ses points qu'il dit faibles pour les améliorer au fur et à mesure des semaines qui le rapprochent de la nouvelle saison. Avec l'expérience d'un trentenaire, il sait « exactement ce que je dois travailler et comment gérer mon temps. » Et parvient donc « à optimiser mon entraînement pour arriver au top en début de saison. »

Trois rendez-vous en rouge

A ce jour, il lui reste cinq semaines de boulot avant la reprise, fin mars, et la World series au Brésil. « La saison va être intense et condensée d'avril à octobre, assure-t-il. Quand elle sera lancée, je n'aurai que très peu de temps pour m'entraîner, et je ferai uniquement des enchaînements de compétition. » Outre les World Series au calendrier toujours hasardeux, Eric a coché trois évènements « en rouge sur (mon) calendrier » : les Mondiaux ISA du Nicaragua (mai), la Molokaï de Hawaii (juin) et la Battle of the Paddle de Californie (octobre). Trois évènements sur lesquels il a déjà brillé.
Si on devine ses ambitions, jamais il ne les partagera. Par pudeur mais aussi pour ne pas étaler de pression inutile sur sa Bic de compétition. Terrien joue depuis trop longtemps avec les éléments pour savoir qu'en race, rien n'est écrit, rien n'est promis. Médaillé de bronze des premiers Mondiaux de l'histoire, en 2012, il n'a pris « que » la sixième place l'an dernier au Pérou. 

Cinq semaines avant le top départ

Pour sa troisième cape en équipe de France, « une fierté de représenter mon pays surtout après des sélections très coriaces », il se dit « particulièrement motivé. » D'autant que cette année, la compétition aura lieu sur le lac Nicaragua. « Ça enlève le côté aléatoire des vagues qui amènent un facteur chance sur une race, explique-t-il. Là, on va être sur de la rame pure. Ça peut tourner à mon avantage. A moi d'en tirer le profit maximum. »

Il est 20 heures. Les touristes ont assailli les bars et les commerces qui fermeront à minuit. La peau encore salée, Eric Terrien file à la salle pour une heure de sport. Sur son vélo statique, il englouti les kilomètres, le regard fixe et les pensées tournées vers les rendez-vous à venir. Dans un mois, il devra délaisser Corralejo et ses vagues pour l'avion et les compétitions. 

A Fuerteventura, Stéphane Sisco

 

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Dernière modification le : 20 février 2014
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