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Yann Martin décrypte les chances françaises

Coach des équipes de France depuis cinq années, Yann Martin est un technicien et un observateur avisé. Il décrypte pour SurfingFrance les chances françaises cette semaine à Lacanau. Coach des équipes de France depuis cinq années, Yann Martin est un technicien et un observateur avisé. Il décrypte pour SurfingFrance les chances françaises cette semaine à Lacanau.  © Photo FFS

La 9e édition du Soöruz Lacanau Pro (WQS 5-star) commence ce mardi matin dans la station balnéaire girondine (13-18 août). Le Basque Aritz Aranburu y est tête de série N.1 mais tous les regards se portent sur nos Frenchies avec cette question : quel Français peut succéder à Joan Duru,  dernier vainqueur tricolore en 2009 ? Éléments de réponse avec Yann Martin, coach des équipes de France et local de Lacanau. 

Après trois années totalement brésiliennes qui ont vu les succès de Wiggolly Dantas, Gabriel Médina et Filipe Toledo, l'heure est-elle venue de voir un surfeur d'une autre nation brandir le trophée de la plus vieille compétition professionnelle française ? On espère que oui. Non que l'on a quelque velléités à l'encontre de nos amis sud-américains mais, tout simplement, parce que l'on aimerait voir un Français s'imposer de nouveau en Gironde. 
Quatre ans après Joan Duru, faisons donc le tour des forces tricolores et de leurs chances de succès à Lacanau. Avec Yann Martin comme guide.

Marc Lacomare (23e mondial actuel, 6e mondial WQS actuel)
C'est assurément le surfeur français de l'année. Tout du moins jusqu'à présent. A mi-saison, Lacomare a déjà fait une finale, sur le Prime brésilien de Saquarema en mai; et sort d'un 8e de finale sur le Prime américain de l'US Open. 
Yann Martin, qui connaît bien Marc pour être son coach depuis le début de la saison : « Sur l'année, c'est le mieux classé. Il a un bon rythme, il a un gros résultat au Brésil. Il sort d'un perf à l'US Open. C'est une des grandes chances françaises. C'est un des favoris. Il a un gros surf, puissant, de bons bottoms, il tape fort. Il a le surf pour gagner ici. Il surfe intelligemment. Il a été blessé mais son pied va mieux. Il est confiant. Il a de bonnes planches. Il est 23e mondial. Mais il peut perdre aussi. Si jamais il passe à côté d'une série, s'il n'y a pas de vagues… Mais il n'a aucune pression. Lacanau n'est pas un Prime, c'est un 5-star. S'il gagne, c'est top pour la confiance et il prendra les points nécessaires, un "keeper". S'il perd, ce n'est pas grave pour son classement. »

Maxime Huscenot (48e)
Le surfeur français du début de l'été. Trois fois meilleur tricolore sur trois compétitions WQS successives, dont une 9e place au Prime de Ballito (AfSud) le mois dernier, Huscenot a réussi à revenir dans le top 100 mondial, son premier objectif. Le voici désormais tête de série et il n'est plus obligé de passer par les trials, comme ce fut le cas il y a quinze jours à l'US Open (49e). 
Yann Martin : « Je trouve qu'il a le niveau pour gagner ici. Il le peut. C'est sa meilleure année. Il surfe très bien, il est champion du monde juniors. Il peut gagner un QS sans problème. Il a de gros scores, il a un gros résultat à Ballito (9e). Il surfe puissant sur le rail; il peut être aérien aussi. Son défaut cette saison : il se perd en cours de compétition sur des choix tactiques pas toujours heureux. Comme en Californie où il a fait de gros trials à l'US Open mais a perdu au 1er tour. Après, c'est une compétition à la maison. »

Vincent Duvignac (69e)
Le Landais sort d'un huitième de finale à l'US Open qui lui permet de faire un bond au classement général. Dans l'obligation de réduire son calendrier de compétition, Duvi n'a pas le droit à l'erreur et doit rentabiliser au maximum ses déplacements. 
Yann Martin : « Puissant, positif, pas de sponsor. Il a faim. Il fait le meilleur résultat de sa carrière à l'US Open il y a quelques jours. Comme Marc (Lacomare) et comme Charly (Martin), il est sur un bon rythme. Il peut gagner ici. Il a le surf pour. » 

Joan Duru (74e)
Après une superbe saison 2012 qui l'a vu se hisser en finale à J-Bay et échouer de pu dans sa quête de qualification pour le WCT, le Landais est reparti au combat. Il dispose d'un bagage technique impressionnant mais n'a pas encore eu le résultat qui lui permettrait de se mêler à la bagarre. En cas de succès à Lacanau, où il s'est imposé en 2009 à seulement 20 ans, Duru ne ferait pas une opération comptable de premier ordre (2400 pts tout de même) mais pourrait totalement se relancer avant les quatre derniers Prime de l'année. 
Yann Martin : « Pas sa meilleure année mais c'est un tueur ! Il surfe puissant. Il peut exploser n'importe qui ! Comme marco. Joan (pffff) c'est même compliqué d'en parler. Il est complet. Il a les bonnes manoeuvres, du carve, de l'aérien, du pop ! Puissant, rapide, il a tout ! Mais, cette saison, je trouve qu'il ne va pas trop à la bagarre. Mais Joan c'est simple. Il surfe toujours très bien. Il n'est pas irrégulier. Il ne va pas se rater parce qu'il va mal surfer. Il va passer à côté car il ne va pas surfer. Comme à Ballito. Il peut gagner ici. Bien sûr ! A lui de faire les bons choix, pas comme à Margaret River où il n'a pas eu les vagues pour s'exprimer.

Charly Martin (87e)
Sans sponsor depuis trois ans, le Guadeloupéen galère mais n'abdique pas. Terriblement doué, il s'est mis à bosser pour passer le palier qu'il lui fallait franchir. Il arrive de Californie avec un beau résultat (17e) et peut faire mal sur une vague qu'il connaît bien.
Yann Martin : « C'est compliqué pour lui. Pas de sponsors. Il a fait le choix d'aller partout. Il n'a pas raté de compétitions. Il a dépense beaucoup d'argent, n'en a pas gagné beaucoup. Dur de rester serein. A l'US Open, certainement la plus dure de la saison, il était bien. détendu, bien surf… Il a perdu car il lui a manqué des vagues. Il a de bonnes manoeuvre isolés et de bonnes combos. Il peut faire un truc ici. Il sait aussi qu'il faut bosser. Il travaille beaucoup. C'est un de nos surfers qui ont le potentiel pour aller au bout. Il est capable de hausser son niveau. »

Adrien Toyon (107e)
Un style racé, une glisse pure, un surf aérien. A Huntington, Toyon a impressionné au 1er tour, avant de disparaître. Son un surf tout en finesse peut se conjuguer aux conditions moyennes attendues cette semaine. 
Yann Martin : « C'est notre Machado ! Très bon surfeur, style de malade. Magnifique à regarder. Il est capable de faire de grosses séries. Mais pour gagner Lacanau, il faut qu'il tape plus, qu'il parvienne à rester dans le rythme. Pas forcément sur le rail. Il aime bien Lacanau, il a fait de belles séries en junior ici. Je ne le vois pas aller jusqu'au bout mais il peut créer la surprise ici. Il faut penser aux conditions. Ça ne va pas être gros. La vague est un peu fuyante, il va falloir être félin et ça peut lui convenir. »

Romain Cloître (109e)
Après une saison formidable l'an dernier, le Réunionnais s'est blessé en fin d'année à Hawaï. Depuis son genou s'est guéri mais pas son mental. Il peine à retrouver ses automatismes et ses sensations. Il débarque sans pression à Lacanau où il a déjà connu de belles victoires et peut faire mal. La bonne pioche ? 
Yann Martin : « Si on regarde son début de saison, il n'est pas dans le lot des vainqeur potentiels ici. Je le connais par coeur. C'est mon petit frère ! Il n'est pas dans une bonne spirale. La blessure lui a fait perdre de l'influx. Ce mec est un guerrier. Il a bossé comme un malade pour y arriver. Je sais qu'il a récupéré de bonnes planches. Il est à Lacanau depuis quelques jours. Maintenant, s'il est positif, s'il parvient à retrouver ses sensations, il peut faire mal. Il est à la maison ici. Il connaît Lacanau. Ça peut être le déclic pour lui. Il besoin d'une compétition référence. Il a aucune pression vu son classement. »

Medi Veminardi (205e)
Il vient de faire 3e à Newquay sur une compétition qui n'est plus inscrite au circuit ASP mais où la concurrence était belle. Lui aussi cherche un déclic dans une saison compliquée, sans sponsor et avec la pression du résultat pour se refaire la moustache. 
Yann Martin : « Il a un backside terrible, il a des airs incroyables. Bon surfeur, puissant, il va vite. Il peut être redoutable. Il n'a pas fait trop de compétitions cette saison vu que si tu n'es pas dans les Primes, t'en as fait que quatre-cinq depuis le début de l'année. Il cherche un sponsor, il a envie de réussir, il est perfectionniste. Il veut réussir. c'est un free surfer dans l'âme comme tous les surfeurs ! Mais c'est aussi un compétiteur ! Comme Romain (Cloître), il a faim. Pas revanchard mais envie d'avoir une compétition référence. »

Dimitri Ouvré (474e)
Le Guadeloupéen a disparu de la circulation. Entre compétiteur et free surfeur, il semblait se destiner davantage vers les trips que sur les contests. Il est toutefois inscrits à Lacanau et son passé laisse croire qu'il n'a pas tout perdu de sa verve. 
Yann Martin : « Il se remet à la compétition. Il est capable de mettre des airs de malade ! S'il est dans le rythme, il peut aller loin. Y'a des mecs qui vont dire qu'il n'a pas un joli style mais il te mets des pâtés ! S'il y a un mètre avec une petite rampe, il va fracasser ! Il est physique. Dim' n'a aucune pression. Il peut se lâcher. Il est jeune. »

Un junior peut-il briller ?
Tom et Nelson Cloarec, Diego et Nomme Mignot, Andy Crière… Les meilleurs jeunes français sortent de trois Pro Junior consécutifs, dont celui de Lacanau qui s'est achevé hier lundi. Ils semblent donc affutés pour ce 5-star. Suffisant pour s'imposer ici ?
Yann Martin : « Oui, un junior peut briller ici mais pas gagner. Pas encore. Il y a un monde entre les Pro Juniors et les QS ! Ce n'est pas la même gestion. Tom et Nelson sont capables d'élever leur surf. Andy est 3e mondial ISA, il est motivé. J'aime bien le surf de Diego Mignot, il a un surf bien sur le rail, un surf qui s'approche des mecs du QS. Nomme est capable de fracasser aussi. Nos juniors sont bien en ce moment, ils sont dans une bonne saison. Ils sont là. Mais il leur manque encore de l'expérience pour gagner un 5-star. Ce n'est pas négatif ce que je dis. Ils construisent leur carrière et le surf français. Ils peuvent largement faire sensation ici. Passer quelques tours. »

Le bilan du coach
« Vu les conditions attendues cette semaine, celui qui va gagner cette compétition c'est celui qui sera le patron, qui va surfer les rares bombes ! Il va falloir être intelligent. Progresser, monter en puissance, s'adapter. Mon pronostic français : Marc Lacomare - Vincet Duvignac - Joan Duru - Charly Martin. »

A Lacanau, Stéphane Sisco

 

Le Brésil à domicile
En 34 ans, le Lacanau Pro a couronné des grands noms de l’histoire du surf comme Kelly Slater, Joel parkinson, Jordy Smith, ou plus récemment Gabriel Medina (2011) et Filipe Toledo (2012). Grand nombre de ces vainqueurs du Lacanau Pro se sont vus intégrer le World Tour, l’année suivant cette victoire.
Cette année, le Basque Espagnol, Aritz Aranburu  est l’une des têtes de série à surveiller. Depuis trois ans, les Brésiliens ont fait de Lacanau une terre sud-américaine avec les victoires successives de Wiggolly Dantas (2010), Medina (2011) et Toledo (2012).

Le palmarès des dix dernières éditions

2012 : Filipe Toledo (Bré)

2011 : Gabriel Médina (Bré)

2010 : Wiggolly Dantas (Bré)

2009 : Joan Duru (Fra)

2008 : Nathaniel Curran (USA)

2007 : Jordy Smith (AfS)

2006 : Mickael Campbell (Aus)

2005 : Shaun Cansdell (Aus)

2004 : Bede Durbidge (Aus)

2003 : Trent Munro (Aus)

 

Cliquez ici pour voir le classement Men's World ranking avant Lacanau

Cliquez ici pour voir les séries du Lacanau Pro 

 

 

 

 

Dernière modification le : 13 août 2013
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