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Requins : ce qu'il se passe VRAIMENT à La Réunion

Aux Roches-Noires, un panneau indique un risque d'attaque de requins. Cette plage est une des deux les plus populaires de La Réunion et le berceau du surf réunionnais. (Photo FFS) Aux Roches-Noires, un panneau indique un risque d'attaque de requins. Cette plage est une des deux les plus populaires de La Réunion et le berceau du surf réunionnais. (Photo FFS)

L’île de la Réunion connaît une recrudescence d’attaques de requins depuis deux ans. Au total, huit surfeurs ont été attaqués, quatre sont morts, dont le dernier le 8 mai à St Gilles les Bains. Pour vous aider à comprendre cette situation exceptionnelle que vivent les surfeurs et les usagers de la mer sur cette île française de l’Océan indien, nous vous proposons ce dossier en 12 points essentiels.

 

1 - LES FAITS

« La côte Ouest de La Réunion est infestée de requins de taille importante »

La Réunion est le théâtre d’attaques de requins sur les surfeurs depuis un quart de siècle. Les surfeurs réunionnais ont appris à conjuguer leur passion avec ce risque. Ils ont aussi modifié leur comportement et se sont responsabilisés. Ainsi, les spots réputés à risque, au Sud, au Nord, et à l'Est des côtés réunionnaises ont été progressivement bannis par la quasi-totalité des usagers. 

Les surfeurs réunionnais ont ainsi pu développer une véritable culture surf dans un cadre convivial et idéal que constitue la zone ouest de l'île, que l'on peut considérer comme une zone de pratique familiale. Le risque à cet endroit a toujours été faible et par conséquent acceptable. Jusqu’à la première attaque en avril 2011 et le premier mort deux mois plus tard.

Le surf sur les zones isolées et dangereuses de La Réunion peut se comparer à du ski hors-piste, dans le cadre de l'acceptation d'un risque important. 

Les attaques de ces deux dernières années ont, elles, la particularité de s’exercer sur ce qu'il conviendrait d'appeler des « pistes vertes ». 

Jamais les requins n’ont été en aussi grand nombre à La Réunion que depuis ces derniers mois. Qui plus est sur cette zone jusque-là sans histoire, la « piste verte », laquelle s’étend sur une bande d’une trentaine de kilomètres, face aux plages les plus populaires de l’île.

La quasi-totalité des dernières attaques a eu lieu dans cette zone, placée en réserve marine en 2007. Avant la création de cette zone, la présence de requins était exceptionnelle à cet endroit.

Les signalements et observations de squales y sont désormais quasi quotidiens, l'ensemble des pêcheurs de l'île a de plus en plus de difficultés à ramener un poisson entier à bord de son bateau.

Le risque d’attaques à La Réunion est bien plus fort que dans n'importe quel autre endroit du monde, avec un à deux morts pour 500 pratiquants résiduels. Par comparaison, l'Australie a une population de 2 millions de surfeurs pour un à deux morts par an. Les États-Unis avec une population de 3,1 millions de surfeurs ont un à deux morts par an. 

La « jauge » moyenne des spots réunionnais est de 30 surfeurs en même temps. Mais depuis les attaques de 2011, la population de surfeurs à l’eau a considérablement chuté. Il n’y a donc pas de surpopulation des spots.

Il est aujourd’hui empiriquement et scientifiquement avéré que la population de requins est anormalement élevée à La Réunion. Le message de prudence qui devrait être véhiculé partout est brouillé par l'apport de nombreux spécialistes nationaux et internationaux, qui tentent d'expliquer le phénomène sans même être venus sur place constater les faits et les spécificités locales associés à cette crise.

Le travail des scientifiques sur place porte notamment sur l’étude des squales. Beaucoup de personnes se posent légitimement cette question : en créant cette réserve marine, ont-ils contribué à l’arrivée massive et la sédentarisation de requins aux abords des plages de la Réunion ?

Les requins mis en cause dans la majorité des attaques, et dans les plus récentes, sont le requin tigre et le requin bouledogue. Deux espèces ni protégées, ni en voie de disparition. La taille et le poids de ces requins peuvent dépasser les 3 mètres et 300 kg.

Le requin bouledogue est responsable de nombreuses attaques dans le monde. C'est une espèce qui peut avoir une tendance invasive à travers la colonisation d’espaces marins. Du fait de son caractère plus agressif, il est souvent considéré comme un prédateur dominant capable de causer un déséquilibre environnemental, lorsqu'il n'a plus aucune concurrence. 

Après la huitième attaque en deux ans, qui porte à quatre le nombre de morts, les scientifiques qui étudient les requins à La Réunion depuis plusieurs années ont conclu, nous citons, qu’il existe aujourd’hui : « UN DESEQUILIBRE, UNE DENSITE ANORMALE (DE REQUINS), UNE AGRESSIVITE, LA COTE OUEST INFESTEE, DES SPECIMENS DE TAILLE IMPORTANTE. »

 

2 - HISTORIQUE

1989 : la première des 8 victimes en surf 

La Réunion a connu 46 attaques de requins recensées en un siècle. La première sur un nageur, en 1913 (mort). La dernière sur un bodyboardeur le 8 mai dernier (mort). 

La première attaque sur un surfeur remonte à juillet 1989. Bruno Giraud, espoir du surf local, décède des morsures d’un requin tigre alors qu’il surfait au couchant à Ste Suzanne, sur la côte Est de la Réunion.

Jusqu’en avril 2011, on a recensé 12 attaques sur des surfeurs (4 morts), 2 attaques sur des véliplanchistes (2 morts), 6 attaques sur des plongeurs sous-marins (3 morts), 6 attaques sur des baigneurs ou des personnes ayant chuté à l’eau (6 morts).

Depuis avril 2011, on a recensé 8 attaques sur des surfeurs dont quatre mortelles. Deux autres victimes ont été mutilées (membres supérieurs et/ou inférieurs arrachés).

Le 19 septembre 2011, Mathieu Schiller (31 ans), ancien champion de France de bodyboard et moniteur de surf, est attaqué en pleine journée ensoleillée sur le spot de Boucan Canot, la plage la plus populaire de l'île. Il est secouru par ses amis et les MNS mais les requins reviennent à la charge en le happant au bord de l'eau puis l'emportent au large. On ne retrouvera jamais son corps.

La particularité est le déplacement et la concentration de ces récentes attaques sur la côte Ouest de la Réunion, réputée comme la plus sûre.

Cette zone a été placée en réserve marine depuis 2007 avec l’interdiction de pratiquer, notamment, la pêche côtière, la pêche sous-marine et le jet ski.

Ce parc marin se situe sur la principale station balnéaire de La Réunion avec les plages touristiques de Boucan-Canot, Roches-Noires, Trois-Bassins.

Une ferme aquacole a vu le jour en Baie de St Paul, distante de 3 kilomètres de cette station balnéaire.  

La commercialisation de la chair des requins côtiers est interdite depuis 1999 pour cause de risque sanitaires, liée à une toxine : la ciguatera. Par ailleurs, le commerce d’ailerons est totalement interdit à La Réunion depuis 2004. Ces deux mesures ont placé La Réunion à la pointe de la protection des requins. 

Une opération de marquage de requins bouledogues et tigres pour étudier leur comportement a débuté voici plus d’un an. 79 requins (adultes pour la plupart) ont été marqués à ce jour. Les relevés des récepteurs indiquent qu’ils sont présents de façon très régulières près de la côte, à proximité immédiate des zones balnéaires, et quelles que soient les heures de la journée.

 

3 - LA DERNIERE ATTAQUE

Pas d’interdiction ce jour-là, aucune signalisation sur le spot

Quand : le 8 mai dernier, à 12h30

Où : spot des brisants, situé derrière la digue du port de plaisance de St Gilles les Bains

Houle : 1m20

Qualité de l’eau : considérée comme insuffisante pour assurer une sécurisation par vigie sous-marine (plongeur) mais jugée bonne par les surfeurs présents sur site ce jour là

Signalisation : flamme orange qui déconseille mais n’interdit pas la baignade ni le surf. Elle est hissée au poste de secours de la plage des Roches Noires, lequel n’est pas visible depuis le spot des Brisants distant de 600m où il n’y a aucune signalisation sur site. 

Population sur zone : un groupe d’une dizaine de surfeurs avant l’attaque, de nombreux plongeurs sous-marins à moins de 100 m du spot tout au long de la matinée. La présence des plongeurs permet aussi de comprendre que les conditions n'étaient pas si « à risque » ce jour-là. 

Victime : homme de 36 ans, seul à l’eau au moment de l’attaque ; surfeur occasionnel non résident de La Réunion, il avait loué un bodyboard en cette journée ensoleillée

Attaque : le requin a attaqué à deux reprises ; l’homme est rapidement décédé des suites de ses blessures à l’arrivée des secours

Type de requin : probablement un bouledogue car aucun élément pour le moment. 

 

4 - LA POSITION DES SCIENTIFIQUES

« Il y a un déséquilibre de l’écosystème marin »

Les spécialistes des requins à La Réunion ont reconnu le 13 mai dernier qu’il y a « un déséquilibre, une densité anormale (de requins), une agressivité, une côte ouest infestée, des spécimens de taille importante. » Au début, ceux-ci étaient très mesurés, pour ne pas dire contre l’avis des usagers de la mer. Lesquels affirmaient la forte présence de requins aux abords du littoral de la côte ouest. 

Aujourd’hui, les scientifiques ont changé d’avis et ont commencé à prendre en compte et à intégrer les avis des usagers de l'océan. 

Les résultats préliminaires du programme CHARC (Connaissances de l'écologie et de l'HAbitat de deux espèces de Requins Côtiers sur la côte Ouest de la Réunion) qu’ils ont remis à la Préfecture, feraient état d’un « déséquilibre de l’écosystème marin au large de la Côte Ouest », ce qui pourrait conduire à une régulation raisonnée de la population des requins dans la zone. 

Installé à La Réunion depuis 1988, Philippe Mespoulhé est docteur en biologie marine et créateur de l'association Carcharodon : « Aucune étude scientifique ni aucun prélèvement n'empêchera les attaques. Je pense néanmoins que certains spécimens identifiés et sédentarisés de plus de 3 mètres, qui représentent une menace évidente pour les usagers, devraient être prélevés. Au nom de la survie des océans, il faut certes accepter la présence des requins – qui ne sont ni cruels ni sanguinaires – pour conserver l'équilibre général du milieu. Mais une réflexion s'impose : la régulation d'une population d'animaux qui pose problème doit rester envisageable. »

Bernard Séret, chercheur à l’IRD, déclarait voici peu que «  la réserve n’est pas la cause des attaques ». Le scientifique a confessé suite à l’attaque du 8 mai : « On ne peut pas avoir un parc d’attractions aquatiques et une réserve au même endroit. Il faudra faire un choix. » 

 

5 - LA POSITION DES USAGERS DE LA MER

« Un impact sur les espèces alentours »

Tous s’accordent à dire qu’il y a toujours eu des requins à La Réunion. Mais ils font savoir que les plages de Boucan Canot, des Roches-Noires, de Trois-Bassins et de Saint-Leu étaient jusque-là préservées. 

La présence de requins en surnombre a également un impact sur toutes les espèces alentours. Avec des prédateurs en surnombre, les petites espèces qui se nourrissent de poissons et de crustacés ne peuvent plus sortir du récif car ils s’y cachent dans le corail. Ceux qui s’en éloignent se font alors manger par les requins sur les fonds sableux.  

Un pêcheur indiquait récemment : « Cette réserve n’est en rien une pépinière, elle n’est que la réserve de nourriture des requins. Faudra-t-il attendre qu’ils se mangent entre eux pour espérer un retour à la normale ? »

 

6 - LA POSITION DES SURFEURS REUNIONNAIS

« Pas un massacre des requins mais un retour à l’équilibre »

Réunis sous plusieurs associations, ils demandent une prise en compte de ce problème à sa juste valeur, car cette situation débouche sur des conséquences dramatiques pour l'économie, la vie sociale et pour des familles endeuillées.  

Dans ce cadre, ils vont dans le sens d'une « régulation raisonnée », telle qu'elle est demandée par les autorités et les acteurs politiques locaux, dans le but de retrouver un équilibre avec les activités humaines et l'environnement. 

Depuis quelques jours, les deux associations que sont Ocean Prévention Réunion (OPR) et Prévention Requin Réunion (PRR) travaillent main dans la main avec la Ligue Réunionnaise de Surf pour trouver des solutions à cette situation. 

Dans un communiqué commun, elles s’expliquent : « Celles-ci viseront à reconstituer un équilibre entre l'homme et la nature, tel que définit par la notion écologie. Notre situation exceptionnelle mérite  forcément un traitement exceptionnel. Le risque requin à La Réunion est démesurément plus fort que n'importe où ailleurs dans le monde. Il faut dire qu’à La Réunion, l'impact de l’écologisme (idéologie extrémiste, rien à voir avec la vraie écologie) a placé sans que l'on se rende compte notre requin depuis plusieurs années à la pointe de la protection des espèces de requins côtiers dangereuses que sont le tigre et le bouledogue. Les surfeurs de La Réunion ont servi de cobayes à une vaste expérimentation grandeur nature, et en ce sens sont devenus les nouveaux martyrs de cet écologisme moderne. Notre rôle d'associations est de conseiller et d'accompagner l'État, les politiques, et les scientifiques dans le respect de nos compétences, à savoir celle de l'expertise du terrain. »

Les surfeurs de La Réunion ont un message clair. Dans un récent communiqué, certains d’entre eux font savoir qu’ils ont « toujours accepté et vécu avec le risque requin à La Réunion en toute connaissance de cause (…) Malgré les 4 accidents dramatiques, aucune "élimination des requins" n’est demandée par qui que ce soit à La Réunion. Depuis 2 ans, chercheurs de l’IRD, responsables de la Réserve, élus politiques, associations… travaillent de concert pour résoudre un problème où aucune solution évidente et manichéenne ne pourra être trouvée, parce que des aspects biologiques, environnementaux, politiques et sociologiques sont engagés, et parce que des vies humaines sont en jeu. Il n’est donc, en aucune façon, question "d’élimination de requins" à La Réunion, mais de régulation de quelques spécimens (…). Les surfeurs sont d’ailleurs opposés à la pose de filets, ces mesures étant bien trop létales pour la faune marine. La gestion de l’environnement sur le terrain et le développement durable demandent des compromis entre les activités humaines et la préservation de la faune, de la flore et des habitats, bien loin des dogmes écologistes bio-centrés et des idées toutes faites. L’ensemble de solutions, qui est préconisé et issu du fruit des travaux entre scientifiques, monde de la conservation et associations à La Réunion, est d’ailleurs le plus écologique qui soit au monde (…) Si nous aimons tous rêver de grands territoires sauvages et de nature insoumise, les Réunionnais aimeraient cependant pouvoir vivre sur leur île, se baigner, surfer, manger du poisson, et conserver une activité touristique, d’autant plus dans un contexte économique critique. Ces activités humaines, doivent, comme partout en France, et si possible sur le reste de la planète, se faire en respectant la Nature, et chacun sera bien inspiré d’agir sur son lieu de résidence, pour une connaissance des réalités de terrain et une efficacité accrue. (…) L’heure des tranchées entre environnementalistes et surfeurs a fait long feu et est stérile. » 

 

7 - LES ASSOCIATIONS ECOLOGISTES

Sharks Angels à la table des discussions

Sharks Angels, la plus représentative dans le combat pour la protection des requins, a décidé de s’asseoir autour de la table pour discuter. Elle a publié un communiqué voici quelques jours sur son site dans lequel elle déclare notamment que : « Shark Angels France travaille depuis peu avec les acteurs locaux de l’Île de La Réunion pour favoriser l’émergence de solutions en réponse aux déséquilibres à la source des « problèmes requins » faisant la une. Notre travail consiste à analyser les causes de ces déséquilibres, à identifier le réseau des parties prenantes et à définir en bonne intelligence les pistes possibles pour limiter dans le temps les mesures létales en faisant émerger des alternatives non létales de prévention. »

Cette association s'est fait remarquer par une démarche intelligente, en venant constater sur place la situation locale et en rencontrant les différents acteurs. Par cette démarche, Sharks Angels France a pu se rendre compte de la réalité à La Réunion et se détache dorénavant d'autres ONG, qui continuent à alimenter un conflit stérile.

 

8 - LES CONSEQUENCES DIRECTES SUR L’ECONOMIE

Une baisse de 60% dans le secteur du tourisme

- En deux ans, 12 des 16 écoles de surf (13 associatives et 3 privées) ont fermé leurs portes. Des quatre encore ouvertes, deux se trouvent dans le Sud, une à St Leu et la quatrième dans le lagon de St Gilles.

- De nombreux commerces de restauration, de souvenirs et d’accessoires de plage ont fermé leurs portes sur la station balnéaire de Saint-Gilles. 

- Les plages de la seule station balnéaire de l’île accueillaient de nombreux nageurs et baigneurs avec masque et tuba, qui s'adonnaient aux joies des loisirs nautiques en toute quiétude. L'ensemble de cette zone n'a plus aucune activité dorénavant, et constitue un préjudice important.

- Le tourisme à La Réunion est frappé de plein fouet : -11% de touristes en février dernier. Les chiffres pour la saison à venir sont alarmants : -60 sur les réservations selon le directeur du tourisme local. 

- Cette crise pourrait être plus forte encore que celle de l’épidémie de Chikungunya (maladie tropicale infectieuse transmise par le moustique) qui a frappé l’île en 2005-2006. La Région Réunion vient de délivrer 5 millions d’euros à l’Institut du Tourisme pour tenter de redorer l’image de La Réunion sur la scène nationale et internationale.

 

9 – L’ETAT DE SANTE DU SURF REUNIONNAIS 

Le Pôle espoirs Réunion s’entraîne dans les Landes

- Free surf : les spots se sont dépeuplés depuis deux ans. La vague de Boucan Canot n'est plus du tout surfé alors qu’elle pouvait accueillir jusqu’à 200 surfeurs différents au cours d’une même journée il y a encore cinq ans. 

- Vigie requins : pour sécuriser les spots, les associations de prévention, la Ligue réunionnaise de surf et leurs partenaires ont mis en place un programme de vigie sous-marines. Armés d’arbalète, des plongeurs sécurisent les entraînements ou les sessions de free surf sur un même spot. En plus de ce dispositif, des vigies sur des stand up paddle et/ou sur un zodiac patrouillent plus au large. Ce dispositif n'a pas la garantie d'être reconduit. Pourtant, dans le cadre du plan global de réduction du risque, il conviendrait de maintenir une présence humaine sous cette forme au minimum pour les activités encadrés institutionnels, les compétitions, et des créneaux de pratiques libres sécurisés accessible à l'ensemble des usagers.

- Le Pôle espoirs : de très rares entraînements pour la relève du surf réunionnais, dont certains ont eu lieu sur le spot des Brisants, site de l’attaque mortelle du 8 mai. Une dizaine de pensionnaires est à Vieux-Boucau dans les Landes depuis le 15 mai et pour une durée de trois mois afin de pouvoir s’entraîner normalement.

- Les meilleurs surfeurs réunionnais dont Jérémy Florès, Romain Cloître, Maxime Huscenot ou encore Amaury Lavernhe, ne peuvent plus venir chez eux s’entraîner et ont choisi des destinations différentes à l’intersaison (Hawaï, Canaries, Australie).

- Face au risque trop grand, la Ligue de surf et les associations OPR et PRR demandent à tous les surfeurs : soit de ne plus se mettre à l’eau, soit si la passion est trop forte de redoubler de prudence, en redoublant de vigilance sur l'environnement immédiat, et d'éviter toute mise à l'eau isolée, ou dans des conditions jugées à risques. La période à venir de l’hiver austral reste a priori la plus propice aux attaques de requins.

- Une attaque supplémentaire pourrait conduire à une interdiction totale du surf, et à réduire à néant toutes les démarches en cours visant à recréer les conditions d'un risque acceptable.

  

10 - LES DECISIONS PRISES 

9 bouledogues examinés dans les plus brefs délais

Suite à l’attaque du 8 mai dernier, Jean-Luc Marx, Préfet de La Réunion, a décidé et a déclaré : 

- « Deux requins femelles marquées, parmi les 79 requins marqués, ont été détectées ces dernières semaines sur les stations d'écoute situées aux abords de la zone des Brisants à Saint-Gilles. Bien qu'il n'y ait pas à ce jour de certitude sur le requin qui a attaqué le bodyboarder le 8 mai dernier et en raison du principe de précaution, le préfet indique que rien ne s’oppose au prélèvement de ces deux femelles. Ces prélèvements s’inscrivent dans le cadre du programme ciguatera. Ce processus débutera à compter de ce jour pour se poursuivre sur l’ensemble de la durée du programme. »

- Le renforcement des moyens dans le cadre du programme ciguatera : En plus des 11 requins déjà prélevés (10 tigres et 1 bouledogue), 9 bouledogues doivent être pêchés dans les plus brefs délais. Si ces requins ne sont pas toxiques, une deuxième phase de prélèvements nécessitant un nombre conséquent « d’échantillons » supplémentaires pourrait permettre de déterminer si ces requins peuvent de nouveau être autorisés à la commercialisation et à la consommation.

- La mise en place de dispositifs physiques de réduction du risque dans des zones à surveiller, dans le but de créer un obstacle entre le prédateur et la zone d'activités humaines. Il s’agit de dispositifs destinés à piéger les requins qui s’approcheraient de trop près des plages sans forcément les tuer, ceux retrouvés vivants pourraient être marqués puis libérés). 

- La reprise de la pêche traditionnelle, suite aux résultats de l’étude sur la ciguatera, qui permettrait une relance de la consommation. Un effort de pêche est le moyen de garantir la pérennisation économiquement viable d'une pression sur la population des requins côtiers dangereux, grâce à la commercialisation de leur chair, et socialement acceptable car ces poissons seront pêchés pour être consommés. 

- Un arrêté préfectoral intitulé « capture après attaque » est en phase de finalisation. Les usagers de la mer travaillent sur ce dossier avec les scientifiques.

- Le financement par l’État d’une étude sur le comportement des usagers de la mer : surfeurs, véliplanchistes et plongeurs. Comment accèdent-ils au littoral réunionnais, à quel moment, à quelle fréquence, en pratique libre, en club, en école ? Ceci pour mieux informer du risque.

- La création d’un site Internet à destination des surfeurs locaux et de ceux de passage à La Réunion, afin de les informer sur le risque requin. 

Par ailleurs :

- La Région Réunion a débloqué le 15 mai la somme de 250 000 €, laquelle va servir à financer des programmes de réduction du risque sur l'ensemble des communes qui portent un projet. Elle a mis l'accent sur des projets innovants mais, à l'heure actuelle, aucun projet innovant ne semble être opérationnel avec un coût acceptable et un résultat validé scientifiquement.

- Le maire de St Leu, Thierry Robert, vient d’autoriser la pêche aux requins dans les eaux de sa commune, afin d'inciter l'État à l'aider dans la sécurisation de ses plages et de ses vagues. C'est dans sa commune que se trouve la plus belle vague de l’île, la gauche de St Leu, qui n'a pas désempli ces derniers jours, du fait d'une houle magnifique, malgré un risque excessivement fort. L'action du maire de cette commune vise à répondre à l'urgence de la situation que connaît La Réunion actuellement.

 

11 - AURAIT-ON PU ANTICIPER L’ATTAQUE DU 8 MAI ? 

Le pavé dans la mare de l’apnéiste Fred Buyle

C’est la question que l’on peut se poser après les révélations de Fred Buyle, apnéiste de renom qui a participé au premier marquage des requins bouledogues, sur son site Nektos.net. Dans un post intitulé « Requins Réunion, quand les données disponibles ne le sont pas. » Fred Buyle regrette que les données disponibles sur le passage très fréquent de deux requins bouledogues de trois mètres sur la zone de l’attaque n’aient pas été exploitées pour prévenir l’accident. Ces données concernent la période du 28 décembre 2012 au 12 mai 2013 et incluent donc le 8 mai 2013, jour du dernier accident mortel à cet endroit. Pour Fred Buyle, il s’agit d’une « présence anormale » avec 914 passages au total à quelques mètres du rivage d’une plage publique. Ce dernier regrette que « personne n’ait daigné s’y intéresser… Pourquoi ? » 

 

12 – FAUT-IL INTERDIRE LE SURF À LA RÉUNION ?

Non car les surfeurs sont les Saint-Bernard de l’océan

Les surfeurs sont les usagers les plus vulnérables à La Réunion, car la mer est souvent agitée et n'est pas propice à la baignade. Ce sont eux qui sont en première ligne, et qui constituent la quasi-totalité des dernières victimes. Pour autant, il ne serait pas honnête de penser qu'une simple stigmatisation de cette communauté, voire une interdiction totale, suffirait à stopper les attaques à La Réunion. Si les surfeurs ne sont plus présents, les attaques continueront sur des plongeurs, des baigneurs, des véliplanchistes, etc.

La perte de l'activité surf pour une région constitue un préjudice important car ce sont des véritables Saint-Bernard de l’océan, auxiliaires indispensables de la sécurité en mer, comme en témoignent les nombreux sauvetages et assistance aux baigneurs qu'ils réalisent chaque année sur les côtes du monde entier.

Plus d'infos sur
www.opr.re
www.prr.re 

 

 

 

Dernière modification le : 25 mai 2013
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