HANDI SURF - La leçon de vie de Thierry Corbalan

La formation au brevet fédéral de spécialisation Handi Surf se tient cette semaine à Bayonne pour la neuvième année consécutive. La vingtaine de stagiaires de la promo 2022 a vécu un moment fort en émotions mardi avec l'intervention de Thierry Corbalan, amputé des deux bras. 

L'homme de défis est venu porter un message simple : « Dans la vie, rien n'est impossible. » Face aux stagiaires, en présentiel et en visio, Thierry Corbalan a raconté son histoire et conquis une assemblée émue par ses mots simples.
Il y a 34 ans, le policier de métier reçoit une décharge de 25.000 volts lors d'une partie de pêche dans les Alpes maritimes. Sauvé par un ami, il est amputé des deux bras et d’un orteil. « Je suis devenu une sorte de Vénus de Milo », sourit-il. Quelques semaines après son accident, cet hyper actif du sport enchaîne les footings dans les couloirs du service des grands brûlés. Bientôt, il court sur des 10km, semi-marathons et marathons, et souvent bien plus vite que les valides. Il se tourne alors vers la natation et relève de nombreux défis en monopalme de 2012 à 2020. Son dernier, la traversée Corse-Cannes, se fait sur 180 km en six jours et lui vaut le surnom de "Dauphin Corse".
« L'obstacle peut nous ralentir mais ne doit pas nous arrêter »
Pendant une heure et demie, Thierry Corbalan tire le fil de son parcours extraordinaire sans jamais faire entrer les stagiaires dans la compassion. « Nous décidons de notre vie. Il nous arrive des choses, oui, mais au final c'est nous qui décidons de la direction », assure-t-il debout face à l'assistance.
Comme un mantra, il répète : « Rien n'est impossible ! » Et précise sa pensée : « On a tous la clef pour ouvrir la porte qui s'est fermée devant nous. Encore une fois, c'est nous qui décidons d'aller plus loin ou de rester où on est. Cela s'appelle la détermination. L'obstacle peut nous ralentir mais ne doit pas nous arrêter. » La résilience ne peut avoir meilleur ambassadeur que Thierry Corbalan.
Celui qui a déjà fait quelques conférences, mais surtout « des interventions dans des écoles, devant les enfants pour leur parler de détermination et de motivation », confie qu'il aime « autant ça que de nager ». Et d'ajouter : « C'est un plaisir de raconter mon histoire et transmettre un message positif. J'ai été programmé pour ça. »
A Bayonne, il s'agissait pour lui d'une première au contact de moniteurs en formation pour un public en situation de handicap. « Je pense leur avoir apporté un plus, leur avoir donné des réponses aux questions qu'on leur posera certainement à l'avenir. »
« On va l'amener surfer ! »
Dans la salle de la Maison des aidants, Jean-Marc Saint-Geours (ci-contre sur la photo), directeur fondateur de l'Association Nationale Handi Surf, ne boude pas sa joie. « Thierry m'a été présenté l'an dernier. J'ai tout de suite été en phase avec ce qu'il disait. J'ai su que c'était la bonne personne pour parler du handicap. C'est une belle rencontre. » Pour Jean-Marc Saint-Geours, « la philosophie de vie de Thierry est intéressante. Mais il y a beaucoup de travail pour arriver à ce qu'il fait. Rien n'est dû. Ses défis le démontrent. »
Quel sera le prochain ? « On va l'amener surfer ! » s'exclame le directeur de Handi Surf. « Je n'ai plus le choix, répond dans un sourire Thierry Corbalan, désormais installé dans les Landes. Et comme je serai très bien encadré avec tous ces moniteurs, je ne me fais pas de soucis. Et puis, j'ai fait du bodysurf sans le savoir lors de mes traversées (rires). » Au fond de la salle, un des stagiaires lance : « Attention, il est capable de finir à Nazaré ! »

https://www.thierrycorbalan.fr




Matthias Hegoas : « Il est tellement à l'aise qu'on oublie son handicap »
« J'ai été moi-même accidenté, j'ai eu un trauma crânien. J'ai rencontré des gens avec de gros dégâts qui avaient gardé une motivation incroyable. On m'a donné beaucoup pour m'aider à m'en sortir. Pour moi, c'est donc une évidence d'aider les autres. Les aider à traverser des moments difficiles. L'histoire de Thierry (Corbalan) est incroyable. Ça met un sacré coup ! Le bonhomme en impose. Il est tellement à l'aise qu'on oublie vraiment son handicap. Il en parle naturellement. Il fait des trucs qu'on ne ferait pas ! Il ne faut pas trop le chauffer, on lui parle de n'importe quel sport, il y va (rires). C'est un guerrier, un exemple. C'est très intéressant d'avoir quelqu'un comme lui dans une formation. Ça va vraiment nous servir plus tard. Ça nous donne des clefs, des solutions. Il a répondu à beaucoup de questions qu'on se posait. Ça va être utile pour notre vie de moniteur, et même pour notre club. »


Allisson Fenasse : « Je n'ai jamais vécu ça de ma vie »
« J'ai toujours voulu travailler avec un public spécifique. J'ai passé mon BE natation il y a 10 ans, puis mon BP surf l'an dernier, et j'ai depuis accueilli des personnes en situation de handicap. J'ai eu tellement de satisfaction, que j'ai su que c'était ma voie. Je travaille à Soustons mais je suis originaire de la Martinique, où je n'ai pas encore vu de structure Handi Surf. Je pense que ma voie est de faire cette formation et de retourner chez moi pour développer ce qui doit l'être. (La rencontre avec Thierry Corbalan) Je n'ai jamais vécu ça de ma vie. C'est la première fois que je vis quelque chose d'aussi fort en émotions. Je vais avoir besoin de plusieurs jours pour m'en remettre. La manière dont il raconte son parcours m'a profondément touché. Quand il dit qu'il fait tout ça « grâce » et non « à cause » de ce qu'il lui est arrivé, c'est puissant. Ces défis en natation, ça me parle, j'ai moi-même fait un 10km en mer. Et lui, il nage 10 heures par jours pendant une semaine… »




Le programme de la semaine de formation Handi Surf
Plus de 300 personnes ont été formées au brevet fédéral de spécialisation Handi Surf en 9 ans. Le contenu se réparti comme suit sur 5 jours :
Jour 1 : les particularités du handicap moteur et sensoriel. Tous les types de handicap et comment s'y adapter.
Jour 2 : l'accueil du handicap dans la famille. Comment rebondir quand le handicap surgit dans la famille. Le droit et l'accès pour le public en situation de handicap.
Jour 3 : Le handicap mental et psychique avec un focus sur l'autisme. Amener les personnes en autonomie.
Jour 4 : études de cas sur toutes les formes de handicap. Travail de groupes sur des études et proposition de séance type selon le cas.
Jour 5 : le modèle Handi Surf. Qu'est-ce que c'est, pourquoi, la labellisation des structures, l'accueil dans les structures, etc…