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Le surf fortement déconseillé à La Réunion

Douze attaques dont cinq mortelles en deux ans et demi. Le message de la Ligue réunionnaise de surf est clair : elle déconseille toute activité ! Douze attaques dont cinq mortelles en deux ans et demi. Le message de la Ligue réunionnaise de surf est clair : elle déconseille toute activité !

Après la 5e attaque mortelle de requin à La Réunion en 30 mois, la première sur un baigneur, ce lundi, la Ligue réunionnaise de surf et les associations de prévention locales déconseillent fortement la pratique du surf tant que le risque existera.

 

Lundi, une adolescente de 15 ans, en vacances à La Réunion d’où elle était originaire et où réside toujours son père, a été attaquée et tuée par un requin en Baie de Saint-Paul, à 5 mètres du rivage dans 50 cm d’eau. Les conditions n’étaient pas à risques avec une eau claire, pas de houle, aucune pluie les jours précédents, aucune rivière à proximité, un horaire acceptable (14h15). 

La baignade n’est pas interdite sur ce site, il n’y avait aucun panneau préventif et les habitants du quartier ont eux mêmes affirmés qu’ils s’y baignaient régulièrement depuis des décennies. 

Immédiatement après l’attaque, le dispositif « post attaque » a été lancé par la Préfecture pour la capture du requin. La victime a eu le corps coupé en deux et une partie n’a pas été retrouvée. Le requin mis en cause est un bouledogue, espèce non protégée qui prolifère dans les eaux réunionnaises depuis plusieurs mois.

Deux mois après la dernière attaque mortelle, le 8 mai à Saint-Gilles-les-Bains, ce nouveau drame porte à 12 le nombre d’attaques de requins depuis le 19 février 2011, dont cinq mortelles.

Il s’agit néanmoins de la première attaque mortelle sur un baigneur au cours de cette période. De fait, les surfeurs ne semblent plus être la proie préférentielle des squales. Il y a deux mois, les autorités et les spécialistes avaient déclaré que la côte ouest de La Réunion connaissait « un déséquilibre, une densité anormale de requins agressifs, (qu’elle) était infestée. »

Ce drame qui endeuille une famille démontre qu’aucun usager de la mer n’est à l’abri dans les eaux réunionnaises. 

Les surfeurs ne pouvant être considérés comme des inconscients puisqu’aujourd’hui un baigneur s’est fait dévorer dans 50 cm d’eau à seulement cinq mètres du rivage.

Pour Ludovic Villedieu, le porte-parole de la Ligue réunionnaise de surf, ce « nouveau drame démontre qu’il y a bien un souci avec les requins sur nos côtes et qu’il ne s’agit pas seulement du comportement des surfeurs. » « On avait dit que tous les usagers de la mer devaient être concernés par ce souci-là. » Ludovic Villedieu rappelle aussi le message clair de la Ligue réunionnaise : « Il faut être vigilant. Malgré des désinformations sur la réalité du risque, on déconseille à tout le monde d’aller surfer. Ou de respecter la charte du surfeur avec une personne qui puisse surveiller ce qu’il y a sous l’eau. » La Ligue attend aujourd’hui des validations pour reprendre l’activité « vigie requins » d’ici le mois d’octobre. « Aucune compétition ne sera organisée jusqu’à cette date et une fois encore on déconseille quiconque d’aller surfer ! » répète Ludovic Villedieu.

 

Communiqué officiel des associations Océan Prévention Réunion et Prévention Requin Réunion, avec le soutien de la ligue de surf et du projet WEST.

« Nous exprimons nos plus sincères condoléances à la famille de Sarah, nouvelle victime de la crise requin à l'île de la Réunion. Cette fois c'est la mort d'une adolescente de 15 ans, qui se baignait à quelques mètres du rivage qui nous plonge aujourd'hui dans un nouvel épisode douloureux. Le « discours commun » sur les surfeurs "seules victimes" du fait d’un « « comportement à risque » vient de tomber, conformément aux statistiques mondiales qui indiquent clairement que 30 % des attaques concernent des simples baigneurs. 

C'est aujourd'hui pour nous tous la prise de conscience de la nécessité d’une indispensable accélération dans le processus de résolution de cette crise. Cette crise touche l'ensemble de l'île car le secteur touristique est considéré comme le moteur qui devrait tirer vers le haut notre économie locale, comme l'illustre les espoirs désormais envolés de l'atteinte d'un chiffre de 600 000 touristes dans un avenir proche. Au-delà du discours minimaliste qui tendrait à maintenir l'illusion d'un problème circonscrit à la zone balnéaire, la réalité de la crise actuelle risque de dépasser largement les conséquences du chikungunya. Ce processus à mettre en œuvre est complexe et exige un plus grand engagement et un plus grand courage de la part de nos institutions et politiques.

Il est totalement inenvisageable qu'à l'île de la Réunion nous soyons privé d’un droit fondamental d’accéder à l’océan. L'ensemble de la population doit se montrer solidaire face à ce problème grave, se rassembler autour d'un objectif visant le bien commun. Nous devons faire abstraction de tout ceux qui chercheraient encore aujourd’hui à nous opposer et à diviser, en affichant une unité qui, contre vents et marées, a toujours fait notre force jusqu'à présent.

Nous avons aujourd'hui une occasion de sortir de ce véritable défi social en faisant honneur à notre propre nom qui est également notre fierté : l'île de la « Réunion ».

La Réunion est actuellement sous les projecteurs des médias internationaux. Si nous réussissons tous ensemble à ramener le risque à un niveau acceptable en proposant un programme global innovant et efficace, nous pourrions également  en tirer bénéfice en devenant un exemple pour toutes les autres nations confrontées à cette délicate problématique.

La Réunion connaît une situation singulière, et nécessite la mise en œuvre de mesures adaptées pour répondre à cette situation exceptionnelle. Ainsi, nous demandons à nos décideurs de mettre toute leur énergie à s'engager sans détours dans un processus qui permettra de résoudre cette crise le plus rapidement possible.

Actuellement, 5 points sont encore en cours de négociation :

1) entamer le processus de modification de la réglementation de la réserve marine dans le cadre d'une adaptation devenue indispensable pour répondre à notre situation exceptionnelle, permettant notamment la « réoccupation de la colonne d'eau ». La quasi-totalité des acteurs politiques et institutionnels sont d'accord pour se pencher sur ce volet. Seuls certains scientifiques s'y opposent encore catégoriquement.

2) accélérer le programme ciguatera afin de lever le doute en vue d’une reprise accompagnée de la pêche traditionnelle sur l’ensemble de l’île, et de la consommation de ce poisson. Ce sont les seules dispositions qui permettraient, dans le respect de la ressource, de rétablir une pression anthropique durable sur ces prédateurs côtiers. Cette action s'inscrira également dans la perspective d'un retour à un équilibre désormais rompu avec les activités humaines, et également avec notre écosystème marin.

3) accélérer la mise en œuvre des expérimentations relatives aux différents dispositifs dont les principes ont déjà été validés. 

4) obtenir des garanties sur le respect des engagements concernant les résultats définitifs du rapport de l’étude scientifique CHARC en cours. Les conclusions de cette étude était prévu initialement pour 2013, et ont déjà été repoussé au deuxième semestre 2014. Nous nous inquiétons légitimement d’une éventuelle prolongation supplémentaire de cette étude car beaucoup de signes semblent indiquer que ce programme tendrait à se pérenniser.?Nous avons besoin des données de ce programme dans le respect des délais fixés, afin de pouvoir enfin bénéficier de l’échelle du risque qui nous a été promise, à partir d'une restitution des conclusions liées à l'analyse des « conditions environnementales ».

5) Un message plus fort et plus cohérent de la part des institutions concernant le risque requin réel et permanent actuel pour l’ensemble des usagers de l’océan à l’île de la Réunion. Après les surfeurs, nous venons d’avoir un baigneur, les prochaines victimes seront probablement des plongeurs ou de simples habitués de nos lagons. Ce message de prudence global devrait concerner également l’ensemble des aires de baignade en contact direct avec l’océan, ainsi que toutes les pratiques libres en plein océan.

Par ailleurs, nous demandons comme cela nous a été promis en vain plusieurs fois, une plus grande concertation et cohésion entre les acteurs du terrain et de différents protagonistes des programmes scientifiques en cours et à venir. »

 

 

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Notre dossier « Ce qu’il se passe vraiment à La Réunion » publié le 24 mai 2013

Dernière modification le : 17 juillet 2013
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