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Marie-Christine Delanne : « Je me réjouis de voir tant de surfeuses à l’eau » 

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Pionnière du surf français et première championne de France de surf, Marie-Christine Delanne, nous parle de ses débuts à Biarritz, de l’admiration que suscitaient les surfeuses dans les années 50-60, du comportement des hommes à l'eau, de l’évolution du surf au féminin et nous confie qu’elle pratique toujours le bodysurf.  

 

Vous faites partie des pionnières du surf en France à la fin des années 50. Racontez-nous vos débuts et l'ambiance qu'il y avait à cette époque.
Je suis montée sur une planche de surf pour la première fois en 1959, j'avais 12 ans. J’étais une bonne nageuse et il fallait absolument que j’essaye. On m’a prêté une planche, énorme, lourde, comme elles l’étaient à l’époque. C’est parti tout de suite ! C’était à la Côte des Basques où les familles biarrotes de surfeurs dont les Barland, les Reinhardt ou les Hiriart, se réunissaient sur le « plan incliné » qui n’existe plus aujourd’hui. Deux femmes avaient déjà « tenté » le surf, dont Madame Plumcocq, mais c’est vraiment à partir de 1960-1961 qu’une poignée de fille m’ont rejointe sur les vagues. Catherine Tadrew, Florence de la Clergerie, Françoise Cazayous, Brigitte de Poutis et, à Hossegor, Christine Lubet, peuvent être considérées comme les pionnières du surf en France. 

Comment étiez-vous considéré dans les années 50-60 par les surfeurs "mâles" et par la société en général ?
Sur l’eau, nous n’étions pas très respectées par les surfeurs. Les priorités étaient systématiquement volées par les plus machos. Nous héritions des grands T-shirts mouillés des garçons pour les compétitions, des compétitions féminines qui se situaient invariablement au plus mauvais moment de la marée ! Mon billet pour les champions du monde à Porto-Rico en 1968, offert par la Fédération Internationale de Surf a profité, dans mon dos, à un « copain » !  Mais nous étions aussi soutenues par certains camarades qui nous encourageaient. Dans la société, il n’y avait aucun préjugé. J’avais plutôt droit à de l’admiration. À l’époque, il n’y avait aucun préjugé contre les femmes sportives et la France a, d’ailleurs, connu de grandes championnes, comme Christine Caron ou Annie Famose.

Pourquoi avoir choisi le surf ? 
J’étais très sportive. Quand j’ai commencé le surf, j’étais capitaine d’une équipe de hand-ball, et, peu après, je nageais aux Girondins de Bordeaux, entraînée par le médaillé d’or en 1952, Jean Boiteux. Mes parents étaient sportifs, ils avaient créé le club des Alcyons à Guéthary, notre famille a toujours été liée à la mer, à l’océan, aux vagues.

En 1964, vous gagnez les premiers championnats de France de surf organisés par la Fédération française de surf, que vous remportez d'ailleurs 4 fois de suite. Quels souvenirs gardez-vous de ces premières compétitions ?
J’ai toujours aimé foncer, dans le sport comme dans la vie. C’est un besoin. Et donc, gagner les championnats me donnait une grande satisfaction. Bien sûr j’étais fière, mais ce qui dominait, c’était la satisfaction d’avoir réussi un challenge. Ma grande déception, à l’époque, bien sûr, a été de ne pas avoir pu participer aux championnats du monde de Porto-Rico. C’est après cet indicent que j’ai décidé de quitter le monde des clubs et de la compétition.

« J’ai une grande admiration pour Justine Dupont ! »

Capture décran 2021 03 08 à 14.07.09A partir de quelle époque avez-vous senti un réel engouement des femmes pour le surf ?
Vers 1964, la deuxième génération de surfeuses est arrivée sur les vagues, plus nombreuses et dans d’autres régions, à Lacanau, notamment, où j’avais ouvert le surf avec quelques amis de Bordeaux. On peut citer Marion Nicolas, Marie-Paule Delanne ou Maritxu Darrigrand à Biarritz. Dans les années 1970, le surf féminin a commencé à se développer de façon significative, préparant les années suivantes. 

Il a toutefois fallu attendre la fin des années 90 pour voir davantage encore de femmes au line up. D'après vous pourquoi ?
Le surf féminin s’est développé de façon tout à fait naturelle, je pense. De même que les filles et les femmes skient, elles surfent. Le surf s’est popularisé de façon exponentielle en France et dans le monde, tout genre confondu. L’invention du leach est aussi un élément essentiel, car il permet aux filles de surfer plus facilement. Il n’y a plus besoin de faire des aller-retours sur la plage pour reprendre sa planche, comme nous devions le faire. Le surf demande, aujourd’hui, moins de force musculaire, et le leach donne une sécurité essentielle.

Quel regard portez-vous sur le surf d'aujourd'hui avec dorénavant une femme pour deux hommes à l'eau ? 
J’ai aujourd’hui 73 ans et je continue de faire du bodysurf. Je ne peux donc que me réjouir de voir tant de surfeuses dans l’eau, partout dans le monde. Cela prouve que ce n’est pas un sport masculin, comme certains le pensaient autrefois. J’ai une grande admiration pour Justine Dupont. J’aimais surfer « le gros », mais cela n’a rien de comparable avec ce qu’elle fait. Je suis jalouse !

Six femmes sont aujourd'hui élues au comité directeur de la Fédération, dont la vice-présidente et la secrétaire générale. Qu'est-ce que cela vous inspire ?
La présence de presque la moitié de femmes dans le bureau directeur de la Fédération témoigne du chemin qui a été fait depuis mon époque. C’est vraiment intéressant car je pense que cela n’existe pas dans toutes les fédérations sportives. En outre, je souligne que ces femmes représentent des régions différentes de l’hexagone. Il manque peut–être une représentante des territoires ultra-marins. Mais cela viendra.

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#JOURNEEDELAFEMME 

 

Dernière modification le : 08 mars 2021
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