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Maxime Huscenot : « Je ne suis pas un vrai rookie »

Maxime Huscenot : « Je ne suis pas un vrai rookie »  © FFSurf / Laurent Masurel

Après avoir passé 10 jours au Portugal, le nouveau n.1 Français s'envole ce lundi pour Hawaii où débute dimanche prochain la saison du Championship Tour. Qualifié au sein de l'élite mondiale pour la première fois de sa carrière, Maxime Huscenot (30 ans) s'est confié à nous sur ses ambitions sur le CT et son rêve de disputer les Jeux Olympiques de Paris-2024.

 

Pourquoi avoir choisi le Portugal pour préparer Hawaii ? 
Après deux mois passés à La Réunion pour me ressourcer, passer les fêtes en famille, faire ma préparation physique, choisir mes planches, et préparer les voyages, je voulais passer un peu de temps à surfer des gros tubes. J'ai choisi le Portugal pour m'entraîner car l'eau est moins froide qu'en France en janvier. Et parce que c'est désormais la seule étape qu'on a en Europe (mars). Je suis revenu ce week-end en France pour profiter des belles conditions de ces derniers jours et je pars donc ce lundi à Hawaii. 

 La saison s'ouvre à Pipeline. C'est un sacré baptême du feu pour le rookie Huscenot ! On sait que tu adores les tubes. Comment te sens-tu sur cette vague ? 
Je connais cette vague. C'est la plus mythique du tour. C'est top de débuter là-bas. Je vais être direct dedans ! Je n'ai pas eu l'occasion de faire des compétitions dans les tubes alors que j'adore ça. J'aime beaucoup Hawaii. Je m'y sens bien. J'ai de bons repères avec Jérémy (Florès) et Michel (Bourez), anciens vainqueurs à Pipeline, et qui ont des années d'expériences là-bas. Ça va être génial d'y débuter le tour.

Comment es-tu à quelques jours du début de la saison ? Impatient ? Excité ? Stressé ? 
Il y a un peu de tout ça. Je suis impatient oui. J'ai hâte d'y être. J'espère que les conditions seront en feu. Ces derniers temps, ça m'a fait bizarre de regarder le calendrier de la saison. De voir que ce n'est plus les mêmes destinations que toutes ces dernières années, ni les mêmes mois de l'année où je vais bouger. J'avais des repères sur le QS, des périodes off, souvent en janvier-février. On a de gros trous dans le QS, là, on va être au taquet d'entrée. J'ai fini la saison dernière en décembre et je reprends dès janvier. Ça enchaîne très vite. Mais c'est génial !

Moins de deux mois ont passé depuis ta qualification obtenue à Haleïwa. L'euphorie du moment estompée, quels mots mets-tu aujourd'hui sur cette montée au sein de l'élite ? 
Elle est magnifique. C'est un exploit. J'ai réussi à performer et à me qualifier à Hawaii, avec une énorme pression. Beaucoup n'y sont pas parvenus. Ça montre le chemin parcouru. Ma maturité. Ça a mis du temps mais ça arrive au moment où je me sens le plus solide. Il vaut mieux faire peu d'années sur le CT mais que ce soient des années qui comptent. J'ai certes mis du temps pour me qualifier. Dix ans. Mais l'important est d'y être arrivé. Et de continuer le chemin. 

 

ODF Hossegor Finales 2022

Il n'y avait plus de Français sur le circuit messieurs l'an dernier après la retraite en 2021 de Jérémy Florès et la blessure de Michel Bourez. Est-ce une grosse responsabilité de reprendre ce flambeau ?
Je trouve ça super de reprendre ce flambeau et d'être le numéro un Français. Ça montre mon évolution, ma progression. C'est la preuve de mon travail. C'est génial de pouvoir représenter tout les autres Français, de les rendre fiers. C'est un privilège.  

Cette qualification, c'est aussi celle d'une équipe que vous formez avec ton père. Explique-nous comment vous fonctionner et pourquoi vous avez réussi à monter sur le CT…
On parle toujours tous les deux en disant "nous" ou "on". On travaille technique, tactique, observation des spots. C'est tout un ensemble. On fait la paire. Mon père, c'est mes yeux sur la plage. Il me donne un retour de spectateur, de juge, de coach qu'il est. C'est notre travail commun qui m'a permis de faire évoluer mon surf et mes stratégies de compétition. C'est un vrai travail d'équipe. On n'y serait pas arrivé l'un sans l'autre. Il y a énormément de confiance entre nous deux. Notre relation est particulière aussi. Mon père n'est pas surfeur. Il me laisse donc gérer les parties purement surf. On se complète vraiment. On s'entraide tous les deux. Et on se tire vers le haut.

Le plus dur ne commence-t-il pas maintenant : se maintenir avec un cut à Margaret River fin avril après seulement 5 compétitions. Comment appréhendes-tu ce format ?
La qualification est un premier palier. Après, il y a le Top 20, puis le Top 10. Je vais continuer mon chemin. Je verrai comment atteindre le prochain palier. Le cut est aussi pour tout le monde. Les habitués du tour et ceux qui le découvrent. La pression est la même pour tout le monde. Et sincèrement, moi, je ne l'ai pas. Je me dis qu'on a la chance d'avoir deux super tours : le CT et les Challengers series. Je sais que si je suis arrivé à me qualifier, alors je peux le refaire. Je me concentre pour passer le prochain palier qui est le Top 20. Je vais voir ce qu'il faut que j'améliore. Et qui sait ? Peut être que je ferai une finale dès la première année ! 

Pipeline, Sunset, Peniche, Bells et Margaret. Hawaii, Portugal, Australie pour les 5 premières étapes avant le cut. Trois droites définies et potentiellement cinq avec Backdoor et Peniche. En tout cas, cinq spots qui envoient. Es-tu plutôt à l'aise avec ce type de vagues ? 
Oui. Ça fait des années que je travaille plus en droites qu'en gauches. Les gauches, c'est naturel chez moi qui vient de La Réunion. Mais je me sens bien plus fort aujourd'hui en droite. Les vagues puissantes, je préfère ça. J'ai de l'expérience sur toutes ces vagues. J'ai fait des compétitions sur tous ces spots. Je sais à quoi m'attendre même si le CT est un palier encore au-dessus. Avec davantage d'exigence et une performance encore plus haute. Je sais tout ce que je dois faire. Je ne vais pas découvrir ces vagues. Je ne suis pas un vrai rookie. 

 

MARGARET RIVER, AUSTRALIA - MAY 4: The lineup during the Round of 16 at the Margaret River Pro on May 4, 2022 at Margaret River, Australia. (Photo by Aaron Hughes/World Surf League)

Au-delà des destinations, le CT c'est aussi 34 surfeurs d'hier et d'aujourd'hui. Certains que tu côtoient depuis longtemps, d'autres que tu vas aussi découvrir. As-tu prévu d'être avec certains ou vas-tu plutôt rester dans ta bulle avec ton père ? 
Pour l'instant, je vais conserver ma bulle avec père. On verra plus tard comment ça évolue. J'arrive doucement sur le CT où je connais tout le monde et où j'ai beaucoup d'amis. Je suis souvent à l'eau avec certains surfeurs, je vais manger avec d'autres. Mais je vais rester focus avec les personnes avec lesquelles je fonctionne. 

Tu arrives sur le CT durant la saison de la qualification pour les JO 2024. C'est sans aucun doute le chemin le plus rapide pour décrocher sa place aux Jeux Olympiques. Tu as forcément Paris-2024 dans un coin de ta tête, non ? 
Ce n'est pas que dans un coin, c'est un objectif ! J'ai l'opportunité d'avoir plusieurs chances d'y parvenir : le CT, les World Surfing Games de l'ISA en mai. Et encore les ISA en 2024. Je vais me concentrer sur cette qualification. Elle ne pourra intervenir qu'avec la concrétisation de mes résultats et de mon surf. 

Les Jeux, tu en rêves ?
Oui, c'est un rêve, complet ! Je suis fan de sport en général. Les JO, j'adore ! J'adore les regarder. J'admire beaucoup d'athlètes. Le surf aux JO, c'est incroyable. Le monde olympique, avec une compétition unique tous les quatre ans, ce n'est pas comme le tour mondial. Il n'y a rien de plus beau que de représenter son pays. 

Justement, en plus du CT, il y aura donc les Mondiaux ISA, fin mai au Salvador, qui sont eux aussi qualificatifs pour les JO, et obligatoires pour les surfeurs du CT. Tu vas donc retrouver l'équipe de France…
Ça va être top ! J'ai toujours aimé les équipes de France. Dans mes années juniors, j'ai eu pas mal de médailles, et de très bons souvenirs. J'ai vécu des moments géniaux, partagés avec tous mes amis. Je suis content de revenir en équipe de France et de prochainement revivre ces moments. 

 Johanne Defay et toi êtes les deux seuls Français sur le CT et vous êtes originaires de La Réunion. Cela arrive, comme un symbole, quand le surf réunionnais semble, enfin, sortir d'une décennie de crise… 
C'est effectivement très symbolique. C'est une immense fierté après ce qu'on a connu. Je suis heureux de redonner le sourire à mes amis. On n'oubliera jamais ce qu'il s'est passé, c'est malheureusement gravé en nous. Mais on avance, tous ensemble. La Réunion est toujours là. On va représenter notre île, la France aussi bien sûr. Ça va être beau. 

Il va toutefois encore patienter pour partager ces moments sur le tour avec Johanne Defay forfait pour Hawaii après sa blessure au pied…
Je lui souhaite le meilleur rétablissement possible et j'ai hâte de la voir en mars au Portugal. Je ne l'ai pas vu depuis longtemps. Je m'entends très bien avec elle. On va partager de bons moments ensemble. En tant que rookie, je vais lui demander quelques conseils (rires). Même si elle est plus jeune que moi, elle va me conseiller comme une grande soeur avec toute son expérience sur le CT.

ODF Hossegor Finales 2022

 

Championship Tour 2023
29 janvier - 10 février : Billabong Pro Pipeline (Hawaii)
12 - 23 février : Hurley Pro Sunset Beach (Hawaii)
8 - 16 mars : MEO Rip Curl Pro Portugal (Portugal)
4 - 14 avril : Rip Curl Pro Bells Beach (Australie)
20 - 30 avril : Margaret River Pro (Australie)
*** Mid-season Cut : 24 surfeurs et 12 surfeuses retenus ***
27 - 28 mai : Surf Ranch Pro (USA)
9 - 18 juin : Surf City El Salvador Pro presented by Corona (El Salvador)
23 juin - 1er juillet : Rio Pro presented by Corona (Brésil)
13 - 22 juillet : Corona Open J-Bay (Afrique du Sud)
11 - 20 août : Shiseido Tahiti Pro (Tahiti)
*** Les Top 5 messieurs et dames qualifiés pour les finales ***
7 - 15 septembre : Rip Curl WSL Finals (Lower Trestles, USA)


La saison 2023 du CT commencera avec 36 hommes et 18 femmes, puis sera réduite à 22 hommes et 10 femmes après le cut de mi-saison. Les surfeurs les mieux classés continueront à participer à la seconde moitié du CT (où ils seront rejoints par deux wildcards hommes et deux wildcards femmes) et se requalifieront automatiquement pour le CT 2024.
Le Top 5 après la dernière étape de la saison régulière participera à la finale pour l'attribution du titre mondial 2023.
Les surfeurs qui ne passeront pas le cut seront relégués en Challenger Series, lesquels commence immédiatement après la 5e étape du CT en Australie, où ils auront la possibilité de regagner leur place pour le CT 2024.
La saison 2023 comptera aussi pour les Jeux olympiques de Paris 2024 puisqu'elle sera la principale voie de qualification. Le classement du CT à la fin de la saison 2023 déterminera 18 des 48 places qu'offrent les Jeux olympiques de Paris 2024. 10 hommes et 8 femmes issus du CT seront donc qualifiés pour les JO à Teahupo'o.

 

Dernière modification le : 24 janvier 2023
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