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Michel Plateau : « Difficile de faire mieux que la formule actuelle »

Le Directeur technique national dresse le bilan des championnats de France (19-27 octobre à Brétignolles sur Mer). Michel Plateau félicite l’organisation vendéenne, se réjouit du spectacle et du niveau proposés, et explique pourquoi la formule actuelle semble la plus adaptée aux contraintes d’un tel événement. Questions-réponses.

Pour la direction technique nationale, cette édition 2013 est-elle un succès en terme de vagues et d’organisation ?
Oui, bien sûr ! Parce que ça a été une belle semaine. C’est toujours intéressant d’aller ailleurs et ça faisait quatre ans qu’on était sur la Côte basque. Intéressant de déléguer l’organisation des championnats à une autre structure que la Fédération. Intéressant de se déplacer sur des territoires en plein développement surf comme l’est la Vendée. Il y a eu de bonnes et de moins bonnes conditions de mer. L’organisation a vraiment été bien, avec trois sites, deux sur le spot des Dunes fois et un autre à la Sauzaie. Ça répondait à nos besoins en termes de planning et de volume d’heures de compétition, volume qui est très lourd sur les championnats de France. 

La Vendée a-t-elle réussi son pari d’organiser les championnats de France ?
Oui, la ligue et les clubs locaux ont travaillé et bien travaillé. La Ligue des Pays de Loire a travaillé sur une longue durée et prouvé savoir-faire : que ce soit au niveau des élus, des dirigeants et des bénévoles. Elle a bien été aidée par le Cadre Technique National Régis Blanchard, qui est natif de la Vendée. Bravo aussi à la ville de Brétignolles-sur-Mer qui a mis les moyens pour que ce soit un succès. 

Quelle image garderas-tu de ces championnats de France ?
Ça a été compliqué avec les conditions de mer mais tout le monde l’a compris et tout le monde a su s’adapter sans que ça crée des tensions. Tant chez les compétiteurs que chez les délégations. Tous se sont comportés comme des pros, ils ont compris ce qui se passait et su s’adapter aux conditions. L’ambiance a été sereine et ça a facilité les choses pour faire avancer la compétition. Ceci dit, l’image que je garderais restera de toute évidence la solidarité au sein de l’équipe réunionnaise, la bonne humeur et le bon esprit qui prévalait en permanence par rapport aux difficultés rencontrées là-bas.  

« Les minimes ont été éblouissants ! »

Sur un plan purement technique, ces championnats t’ont-ils plu ?
Oui, on a vu de belles choses et des surprises aussi, comme Jorgann Couzinet qui n’était pas attendu à ce niveau (champion de France Open, ndlr). Comme l’an dernier, le Sup et le longboard ont été d’un immense niveau. En bodyboard, là aussi c’était très fort, notamment les finales à la Sauzaie. Et puis, j’ai pris plaisir à voir les jeunes surfé à leur niveau et même plus qu’à leur niveau. Les minimes, notamment, on été éblouissants. C’est positif pour la suite

Quels expertise la DTN fait-elle de ces championnats ?
D’abord en politique fédérale : c’est la réunion de tout le surf français sur dix jours. C’est intéressant en échanges et en rencontres. C’est le seul moment où tous les Français de chaque catégories et discipline s’affrontent. C’est l’aboutissement d’un processus. Notamment chez les espoirs, qui sont passés par des sélections régionales. Les meilleurs sont là. Pour la DTN, on voit les meilleurs français s’affronter avec une pression : celle du titre. Elle n’est pas galvaudée car tout le monde le veut ce titre. Pour les jeunes, on en profite pour faire de la détection. On sort des championnats en ayant une hiérarchie nationale. C’est celle d’un moment, d’une compétition, mais elle confirme la plupart du temps celle de la saison.

« Un rendez-vous de vrai haut niveau »

On le voit chaque année, les championnats de France attirent certains des meilleurs Français. Sont-ils la compétition de référence de la saison ?
On a toujours l’impression qu’il manque un certain nombre de compétiteurs. C’est surtout le cas en surf, car notre Top 10 est sollicité ailleurs. Cette semaine, il y avait un WQS Prime au Portugal. Dans les autres catégories, on a fait le plein. Ce n’est pas compliqué, les meilleurs Français, qui sont aussi les meilleurs européens voire les meilleurs mondiaux, étaient tous là. Le niveau est ainsi exceptionnel. C’est rafraichissant et intéressant. Certains, comme Johanne Defay, sont très heureux de venir, de participer, de s’étalonner, de faire une compétition de plus dans leur saison. Qui plus est avec une adversité de très haut niveau. C’est bon à prendre pour tout le monde. Les longboardeurs étaient là pour préparer les Mondiaux ASP. Amaury Lavernhe était là avant échéance très importante (il est en tête du circuit mondial IBA, ndlr). Les championnats de France sont un rendez-vous de vrai haut niveau.

La formule de réunir toutes les disciplines et les catégories d’âges sur un seul événement durant neuf jours est-elle la meilleure ?
On ne sait pas. Il y a cinq ans, on avait séparé Open et espoirs sur deux périodes et deux sites. Ça s’était bien passé mais on avait doublé les budgets de l’organisation. Ça avait aussi posé souci aux juniors qui faisaient également les championnats en Open. Et ça n’avait pas été évident pour les gens des Dom, à la fois les compétiteurs et les accompagnateurs. Depuis deux ans, on a oublié le format de double élimination permanente pour un seul repêchage après le 1er tour et des têtes de série au 2e tour. C’est pas mal, on peut accueillir un grand nombre de concurrents, on donne une deuxième chance et on a une protection des meilleurs. Mais on arrive au bout du système. C’est la course permanente. On a une réflexion permanente pour faire les plannings.

D'autant qu'il faut composer avec les compétitions internationales…
Oui et c’est compliqué. Cette année, on est arrivé presqu’au bout. C’est une gageure. On fait un planning en fonction des calendriers de chacun et des autres circuits : ETB, ASP, Pro juniors, World tour de Sup. Il nous faut regrouper des catégories comme le bodyboard et le bodysurf car on a les mêmes juges ; on ne peut pas faire les juniors et les Open en même temps car certains doublent les catégories d’âges… Peut-on réduire les formats et le nombre d’engagés ? On peut y penser mais ce serait une compétition trop élitiste. On est soucieux de la représentativité de toutes les régions. Il faut en permanence louvoyer. 

Les championnats ont confirmé la valeur de certains surfeurs expérimentés et ont permis d’assister à l’émergence de nouvelles têtes. As-tu été surpris par les résultats de certains jeunes ?
Les leaders de leur catégorie ont confirmé quasiment partout. Ceux qui sont dans les collectifs équipe de France ont confirmé. Pour les minimes, les hiérarchies ne sont pas encore toujours établies car on est davantage sur la détection. On ne les connaît pas tous, pas très bien en tout cas. C’est l’occasion de les voir, de mieux les connaître, de mettre des visages sur des noms.

Es-tu confiant quand tu vois le niveau de ces jeunes ?
On est confiant. Depuis que je vois les France, et ça fait un moment, le niveau ne cesse de monter et de façon extraordinaire. La relève est très présente. Des benjamins sont même surclassés. Ces jeunes ont une grande maturité pour se gérer, pour gérer leur série. Pour gérer leur finale. Quand on a 13-14 ans, ce n’est pas rien de gérer une finale de championnats de France en terme d’anxiété. J’ai trouvé que les jeunes ont surfé à leur niveau, voire même au dessus de leur niveau, et en grande maîtrise.

« Bien que La Réunion reparte avec autant de titres »

Un mot sur les Réunionnais qui, malgré l’interdiction de surfer chez eux, ont fait sensation avec huit titres dont les deux principaux : surf open et surf ondines…
Ce n’est pas rien. Même s’il faut distinguer, je pense, ceux qui sont résidents de La Réunion, et ceux qui se déplacent chaque année. La Réunion a confirmé. Chez les plus expérimentés et chez certains jeunes. L’émulation a fait se transcender un certain nombre de personnes. C’est aussi le résultat du dispositif mis en place par la ligue de La Réunion. Notamment le projet jeunes élite. C’est la capacité des tout jeunes à se déplacer et à venir en métropole. Il y a eu des stages ici, en Afrique du Sud, en Australie. La Fédération a décidé de les aider depuis plusieurs mois. Ces jeunes ont passé plusieurs mois ici. Il se sont entraînés dans le beach break et l’eau froide. Ils ont fait preuve d’une grande maturité en s’éloignant aussi longtemps de leur famille. Ce n’est pas évident. Par rapport à tous ces sacrifices, c’est bien que les Réunionnais repartent avec autant de titres. 

L’Aquitaine (10) et La Réunion (8) ont remporté à elles deux 18 des 23 titres décernés. Quel est ton avis sur cette hégémonie ?
Je n’oublierais pas les deux titres de la Guadeloupe qui sont importants (surf cadets et surf espoirs ondines, ndlr). Le surf domien et le surf de l’Aquitaine profitent des meilleurs conditions d’entraînement, ils ont une culture de la gagne, une dynamique. Le travail est fait partout pour aller au plus haut. C’est une hégémonie dans certaines disciplines très marquées comme le Sup et le longboard. Ça aurait pu tourner très vite dans d’autres disciplines. Je pense à des personnes d’autres régions qui auraient pu gagner comme Tristan Guilbaud de Vendée, à Charly Quivront le Charentais, aux Bretons très présents et qui ont pris un titre en bodyboard juniors. Pour les autres, c’est plus compliqué. Les surfeurs de Nouvelle-Calédonie, de Paca, de Normandie, de Martinique… viennent pour apprendre. L’expérience est enrichissante pour eux. 

La fausse note du bodysurf open - pas de finale - aurait-elle pu être évitée ?
Je ne sais pas. Ce qui est sûr, c’est que chaque jour, il y a eu un minutage des plus pressants et contraignant. La direction de compétition a été exemplaire. C’est le travail de plusieurs personnes et du directeur de compétition, des juges, du staff… Cette fausse note aurait sans doute pu être évitée mais on n’a pas eu de chance lors du dernier jour. On avait placé le bodysurf pour compacter le bodysurf et le bodyboard car on avait pas mal de juges identiques. Il nous a manqué pas grand-chose pour y arriver. Le bodysurf est compliqué à juger pour le jury. On n’a pas été aidé par une mer démontée en fin de journée alors que les prévisions annonçaient des vagues moins importantes. On pensait être relativement tranquille. On est les premiers désolés car ne pas décerner un titre à des gens venus de loin, qui se sont préparés pour, est un crève cœur. On a été contraints par les conditions et malchanceux par les mêmes conditions.

A quoi pourraient ressembler les championnats de France 2014 ?
Il va y avoir un appel à candidatures. On a besoin de deux ou trois podiums sur un site. Besoin de 8 jours, voire plus, car ça devient compliqué. Les formats, on va en discuter. Je pense que le consensus trouvé est intéressant. Mon idée est de privilégier au maximum les espoirs, c’est un championnat très important pour eux. Sans galvauder les Open, c’est de notre responsabilité de privilégier les -18 ans. On va débriefer les championnats de cette année voir où on peut être meilleur encore. Mais si on veut avoir du monde, les meilleurs, et en même temps rassembler toutes les régions, ça sera compliqué de faire autrement que la formule actuelle.

 

 

Dernière modification le : 30 octobre 2013
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