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[COMPÉTITIONS] Pourquoi annuler ? Pourquoi maintenir ? La Fédération s'explique

[COMPÉTITIONS] Pourquoi annuler ? Pourquoi maintenir ? La Fédération s'explique  © FFSurf/WeCreative

Le président Jean-Luc Arassus et le Directeur Technique National Michel Plateau s'expliquent sur les récentes décisions qui n'ont pas été comprises par un grand nombre. Entre l'annulation des championnats de France de surf et le maintien d'autres compétitions, la mise au point de la Fédération Française de Surf s'impose, en cette fin d'année 2020 très particulière.


Pourquoi avoir annulé les championnats de France de surf prévus fin octobre ?
Michel Plateau : Ça n'a pas été de gaité de cœur car nous savons combien les championnats de France de surf comptent pour les surfeurs, les entraîneurs, les clubs, les ligues. Nous avons attendu jusqu'à un mois de l'événement (prévus du 17 au 25 octobre, ndlr) pour prendre une décision que nous savions très pénalisante pour la vie fédérale. Les échanges ont été nombreux. La prise de risque sanitaire et l’absence de visibilité sur l’évolution de la propagation du virus consolident une incertitude très forte liée à la présence des délégations de ultramarines. Les surfeurs de la Guadeloupe, de la Martinique et de La Réunion représentent environ un quart des effectifs et un tiers des médailles. Ces délégations ne savaient pas si elles allaient pouvoir se déplacer fin octobre avec un contexte sanitaire qui se dégrade de jour en jour. Elles ne pouvaient pas prendre le risque financier de s'engager dans des dépenses logistiques importantes, sans être certaines de pouvoir monter dans un avion dans un mois. Nous avons échangé avec elles et avec les ligues de métropole. Il y a eu consensus du conseil des ligues : sans les DOM l'équité sportive était remise en question; nous n'aurions pas eu les meilleurs dans chaque discipline pour délivrer les titres nationaux. Ce n’était donc pas possible.

Que répondez-vous à ceux qui disent qu'il y a moins de risque de contagion avec le surf qui se pratique en plein air qu'avec d'autres sports qui ont pourtant maintenu leurs championnats ?
Jean-Luc Arassus : Je sais que je ne sais rien sur ce virus, mais je pense qu’une pratique individuelle ou de petit groupe en plein air, dans l’océan présente des risques de contagion limités. Mais les championnats de France de surf regroupent plus de 450 compétiteurs, venus de toutes nos régions, dans 35 catégories, sur 10 jours, au même endroit. A cela s’ajoutent la centaine d'entraîneurs, d'accompagnateurs, de juges, de staff pour la logistique, de personnel de la production vidéo. Les contraintes d’organisation nous imposent de partager des espaces clos réduits. Nos compétiteurs peuvent être âgés de 12 ans et les plus âgés dépassent la quarantaine. Notre volonté d’inclure le parasurf avec une population qui présente des risques importants, était remise en cause.
Les délégations sont logées au même endroit pendant plus de 10 jours ; pour répondre aux protocoles sanitaires. Quelles structures auraient proposé de nous accueillir ? Enfin, il fallait oublier les remises de prix festifs tous les jours, qui font le charme de cette grande réunion de famille. Malgré le protocole sanitaire adapté que nous avons mis en place avec la commission médicale de la Fédération, l’absence de visibilité, et les risques potentiels, ont eu raison de notre volonté de proposer aux compétiteurs ces championnats de France 2020.

N'y avait-il pas de plan B ?
Michel Plateau : On a imaginé plusieurs scénarios alternatifs pour organiser les championnats de France. On a pensé les avancer à septembre, en faisant passer des disciplines sur chaque week-end, en réduisant les quotas des sélectionnés. On avait notamment pensé transformer la Coupe de France 100% filles en un championnat de France féminin. La Gironde est passée en zone rouge et il a donc été impossible de valider cette option. Et là encore, nous avions le problème des ultramarins, qui n'auraient pas pu se déplacer chaque week-end de septembre.
Nous sommes vraiment très déçus pour tous nos surfeurs. Notamment les plus jeunes qui construisent un parcours sportif et qui sont privés d'une étape importante dans leur carrière. Pour d'autres, les années juniors se terminent sans avoir eu la possibilité de les valider par un titre ou un podium national. On sait tout le travail qui a été réalisé dans les clubs durant l'année écoulée pour mesurer la tristesse et la frustration des surfeurs et de leurs entraîneurs. On sait que le projet sportif mis en place dans les structures d'entraînement se heurte à cette réalité. Très sincèrement, je suis personnellement désolé de cette situation. C'est une année difficile, compliquée. Nous remercions d'ailleurs toutes les professions de santé publique en France. Et surtout, nous espérons avoir une année 2021 normale.

La Fédération a-t-elle consulté les Ligues qui organisent les sélections et les déplacements des quelque 450 compétiteurs ?
Jean-Luc Arassus : Oui, nous avons échangé avec toutes les ligues dans le cadre du conseil des ligues, qui se réunit régulièrement depuis la séquence du retour aux plages. Les Ligues sont nos référents pour les championnats de France. Pour y participer, il faut être dans les meilleurs du classement national et il y a aussi des quotas régionaux qui permettent aux ligues de sélectionner leurs représentants. Les championnats sont une compétition par délégations régionales, pas une compétition individuelle. Le 7 septembre, nous avons eu une visioconférence avec les ligues et certains comités départementaux. Chacun s'est exprimé et il a été décidé à l'unanimité d'annuler les championnats de France. La Fédération l'a ensuite entériné en Comité Directeur le 10 septembre.
A la sortie du confinement, la Fédération avait annoncé que le maintien des championnats de France était une priorité et avait demandé aux comités et aux ligues de faire leurs championnats départementaux et régionaux, pour avancer dans le processus de sélection.
Je tiens à tous les remercier pour leur formidable travail. Elles ont permis, dans le respect du protocole national mis en place, de relancer les compétitions de surf sur tout le territoire. Elles ont permis de remettre des sourires sur les visages.

Pourquoi avoir dans le même temps décidé de maintenir d'autres compétitions nationales comme les Coupes de France et l'Open de France ?
Jean-Luc Arassus : Ce n'est pas la Fédération qui a décidé de maintenir ces compétitions mais leurs organisateurs. Si les championnats de France de surf sont organisés de A à Z par la Fédération, elle délègue les étapes de la Coupe de France et l'Open de France à des clubs ou à des comités, ou des municipalités. Ceux-ci travaillent sur ces événements depuis des mois, sinon plus d'un an. La Fédération leur apporte un soutien financier mais ce sont eux qui, en connaissance de cause des conditions sanitaires sur leur territoire, et en relation avec les autorités compétentes, décident de maintenir ou d'annuler leur compétition. L'Olonna Surf Club nous a confirmé qu'il était en mesure d'organiser l'Open de France les 26 et 27 septembre dans des conditions optimales. Le Comité de Charente Maritime organise la Coupe de France de bodyboard à la Tremblade, le même week-end. L'organisateur est celui qui peut prendre la décision la plus pertinente. Contrairement aux championnats de France, ces compétitions sont individuelles, elles se disputent avec beaucoup moins de compétiteurs, sur deux journées, et sans délégation venues des DOM. Il n’y a donc pas de motif à les annuler. Notre mission n’est pas de nous substituer aux recommandations de l’agence nationale de la santé, ni aux décisions des préfets.

La Fédération a-t-elle imaginé à un moment une année blanche de compétition ?
Michel Plateau : Jamais ! Nous avons tout fait pour maintenir les compétitions. Au sortir du confinement, la Fédération a travaillé sur la priorité n.1 qui était la reprise de l'activité libre et pour tous dès le 11 mai. Nous avons rédigé les protocoles de reprise dans les clubs et les écoles, puis avons édité le protocole de reprise des compétitions. Nous ne voulions pas laisser nos compétiteurs sur le bord de la route. C'est pour cela que l'on a relancé dès juillet les compétitions. Nous avons créé la Coupe de la Fédération pour nos meilleurs surfeurs pros, et avons encouragé les comités et les ligues à faire leurs championnats. Organiser des compétitions est important pour que nos athlètes puissent garder le rythme et être prêts quand les circuits internationaux pourront reprendre. Remettre le lycra en juillet après quatre mois d’arrêt était important. Le remettre régulièrement depuis l’est aussi. Les clubs ont repris les entraînements cet été ; les sections sportives, les centres labellisés d'entraînement, les Pôles espoirs et le Pôle France ont repris à la rentrée de septembre. Il parait logique de concrétiser tous ces entraînements par des compétitions.

Pourquoi la Fédération dote-t-elle plus largement les compétitions de surf (10.000€ de primes sur la Coupe de la Fédération et l'Open de France Dacia) que celles des autres disciplines (1.000€ sur la coupe de France de bodyboard) ?
Jean-Luc Arassus : La donne est simple : les fédérations olympiques reçoivent des aides de l'Agence Nationale du Sport pour les sports de Haut Niveau et tout particulièrement pour les sports olympiques. Chez nous, la seule discipline olympique à ce jour est le surf, précisément le shortboard. Il y a donc un financement et un accompagnement particulier sur cette discipline. Le longboard et le bodyboard sont les deux autres disciplines reconnues de haut niveau mais elles ne sont pas olympiques. La réalité est celle-là. Le financement des autorités publiques est orienté sur la préparation olympique et nous avons donc davantage de moyens pour les compétitions de surf que pour les autres. Nos partenaires se sont également engagés à soutenir les compétitions de Surf. Mais la Fédération n’a jamais cesser d'aider les autres disciplines, comme le prévoit sa mission de soutien à nos disciplines le bodyboard, le longboard, et le Stand Up Paddle, lequel n'est pas reconnu par le Ministère comme sport de haut niveau.

Pourquoi les deux championnats de France de Stand Up Paddle d'octobre (eaux intérieures à Annecy et milieu maritime à l'Île de Ré) sont eux confirmés ?
Michel Plateau : Ça n'a strictement rien à voir avec la discipline. Là aussi, la Fédération a le monopole pour la délivrance des titres nationaux. Mais comme pour les Coupes de France, la Fédération a délégué l'organisation des championnats de France à des organisateurs, qui sont ici de clubs : Annecy et le Surf Club Retais. Ceux sont eux qui ont la compétence logistique, qui préparent ces championnats depuis des mois. Ils sont sur le terrain, en contact avec les autorités locales et ce sont eux qui décident de maintenir les championnats de France. C’est ce qu’ils ont fait. Un compétiteur de Sup race n’a pas plus ou moins de risque d’attraper le virus mais ces championnats se déroulent sur deux journées contre huit pour le surf, et la population, compétiteurs et encadrement, est bien moindre.

Quel rôle joue la Fédération dans l'organisation des compétitions professionnelles en France ?
Jean-Luc Arassus : La Fédération Française de Surf n'organise pas les compétitions professionnelles internationales, qui sont du ressort exclusif de la World Surf League. S'agissant du Quiksilver Pro France (annulé, ndlr) ou de l'EuroCup à Anglet (23-25 septembre, ndlr), c'est la WSL qui en est l'organisateur sur le sol français et qui traite avec ses partenaires privés et publics. La FFSurf donne un agrément qui encadre les conditions d’éthique sportive. Les décisions, notamment pour placer l’événement d’Anglet à huis clos, sont celles des organisateurs.

 

Dernière modification le : 21 septembre 2020
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