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« Beaucoup de joie et d'interrogations »

« Beaucoup de joie et d'interrogations »  © FFS/Antoine Justes

Michel Plateau, le Directeur Technique National du surf français, se réjouit de l’inclusion du surf aux Jeux Olympiques 2020. Mais il se pose forcément aussi beaucoup de questions. Tour d’horizon des changements que le surf français va devoir appréhender et opérer.



Quelle est votre première réaction suite à l’annonce de l’inclusion du surf aux Jeux Olympiques de Tokyo-2020 ?
« Je ressens beaucoup de joie mais j’ai aussi beaucoup d’interrogations sur un monde qu’on ne connait absolument pas. La question est : comment gérer la préparation sur les 4 ans à venir ? Mais aussi quel va être l’accompagnement des institutions ? Ce que l’on sait, c’est que la médaille du surf vaudra autant que celle de l’athlétisme ou d’un autre sport à l’heure du bilan. Le surf ne pourra pas être négligé puisqu’il pourra, comme les autres disciplines intégrées aux JO-2020, apporter une médaille de plus à la France. »

Le surf aux JO, c’est un aboutissement ?
« Oui. Pour toutes les Fédérations, pour tous les sports, pour tout le monde associatif, le Graal, ce sont les Jeux Olympiques. Cela vaut même dans un sport où l’excellence est professionnelle. On le voit d’ailleurs dans d’autres sports comme le basket ou le tennis. C’est aussi l’aboutissement d’un gros travail de l’ISA, que nous, en France et en Europe, nous avons supporté au maximum. On a vu l’attention particulière qui nous a été portée, notamment parce que la langue française est celle de l’olympisme, que le CIO a son siège en Europe. »

« Le surf n’est pas un phénomène de mode »

L’idée du surf aux JO est-elle devenue incontournable ?
« Cette inclusion du surf n’était pas possible il y a encore quelques années. Mais avec l’avènement des sports nouveaux, notamment ceux des Jeux d’hiver comme le snowboard,l’Olympisme essaye de se moderniser et se tourne vers ces sports qui font des audiences, qui plaisent et qui parlent aux jeunes, qui attirent de plus en plus de gens, davantage en tout cas que les sports traditionnels. On le voit, à la FFSurf, dans nos chiffres qui sont à la hausse : notamment le nombre de nos licenciés (80.000, ndlr) et les structures qui accueillent de plus en plus de monde en été. Le surf, ce n’est pas un phénomène de mode qui va un jour disparaître. C’est une façon de vivre. Les gens aiment ces activités, ces distractions, qui deviennent des sports quand ils sont tirés vers le haut niveau. »

Avec l'olympisme, le surf entre-t-il dans une nouvelle ère sportive ?
« Il va y entrer. Aujourd’hui, il est dominé, par la force des choses, par un monde professionnel très individualiste. Il n’y a pas d’équipe sur le tour pro. Les meilleurs ont construit un staff autour d’eux pour les accompagner personnellement jusqu’au plus haut niveau. Avec l’Olympisme, on va entrer dans une vision et une préparation plus collective. On va se préparer pour les championnats du monde des nations pour gagner des quotas, puis pour aller aux JO. On n’aura sans doute qu’un ou deux athlètes par pays, mais il y aura une préparation construite autour d’un collectif d’où seront issus les meilleurs pour aller aux JO de 2020. Ce sera peut être plus facile à mettre en place qu’un accompagnement purement individuel.

« La DTN aura à proposer un projet sur quatre ans »

La Direction Technique Nationale va-t-elle disposer de moyens financiers et humains supplémentaires pour le haut niveau ?
« C’est le mystère. On sait très bien que les fédérations olympiques n’ont pas le même traitement que les autres. Et il n’y a pas de remise en cause. Cette inclusion devrait donc changer la donne pour nous. Cela veut dire l’obtention de cadres techniques nationaux et de moyens financiers supplémentaires. Je me répète mais comme cela est complètement nouveau pour nous, on se pose des questions : quels seront les moyens que nous solliciterons ? Quels seront ceux que nous pourrons espérer ? Le Ministère va nous accompagner, c’est certain, mais il n’est pas forcément doté de beaucoup de moyens. Quand bien même je sais qu’il sera sensible aux nouvelles disciplines olympiques. »

Comment la DTN va-t-elle organiser les quatre années qui vont la mener à Tokyo-2020 ?
« On a déjà eu des discussions, des réflexions, avec les Cadres Techniques Nationaux, les entraîneurs, la direction des équipes de France. La DTN aura à proposer un projet sur quatre ans qui ira dans le sens d’arriver fin prêt à Tokyo. Nous solliciterons l’accompagnement nécessaire pour mener à bien ce projet sur quatre ans. Le Ministère ne répondra pas sur un projet trop peu précis, ni trop peu organisé. Les moyens financiers c’est une chose, les moyens humains compétents, c’est aussi très important.

« Le surf français a de réelles chances de médailles pour 2020 »

Le surf français a-t-il des chances réelles de médailles à Tokyo ?
Oui. On a des chances réelles de médailles. Les N.1 français messieurs et dames sont parmi les meilleurs mondiaux. On a d’autres surfeurs qui ne sont plus très loin des meilleurs. Jérémy Florès et Johanne Defay ont gagné chacun un étape du tour mondial l’an dernier, et Defay en a gagné une autre cette année. Ils peuvent être parmi les meilleurs aux JO. Sur le CT, il y a beaucoup d’Américains, d’Australiens, de Brésiliens. Aux JO, il n’y aura qu’un ou deux représentants par pays. Forcément, la concurrence sera différente. A nous d’essayer, suivant les conditions de sélections et de gains de quotas supplémentaires, d’essayer d’avoir un athlète, voire plus, dans chaque catégorie pour multiplier nos chances de médailles. »

Que sait-on justement aujourd’hui des modalités de qualifications pour les JO 2020 ?
« L’ISA attend d’en faire l’annonce officielle. C’est sa manière de communiquer. Elle en dira davantage sur les sélections des pays et des sportifs. Elle a forcément son idée. Le surf a la particularité d’avoir un circuit pro (WSL) et des championnats du monde par nations (ISA). Beaucoup de disciplines olympiques ont des formules de qualifications différentes. On ne sait pas encore quelles seront celles de l’ISA, en collaboration avec le CIO. »

« Les Mondiaux de l'ISA seront un passage obligé pour ceux qui veulent aller aux JO »

Les sélections en équipe de France vont-elles devenir un passage obligé pour les surfeurs qui prétendent participer aux JO ?
« Ce qui voudront aller aux jeux Olympiques devront reconnaître que l’ISA est un passage obligé pour gagner des quotas et sa place. On pensera d’abord à sélectionner le pays et après les individualités. Tout cela fera partie du futur projet fédéral et de l’aspect technique de ce projet. On a des discussions à ce sujet avec nos meilleurs surfeurs depuis quelques temps. Ils sont tous sensibles à l’équipe de France et on aura une équipe nationale très forte au Costa Rica pour les Mondiaux 2017. Cette compétition est la première marche vers les JO. »

La France dispose d’une très belle relève avec des juniors qui se sont illustrés ces dernières années sur la scène internationale. Comment la DTN va-t-elle composer avec eux pour les années à venir ?
« On se consacre au Collectif France Jeunes depuis six ans avec nos stages d’hiver en février, et d’été en juillet. On insiste sur les jeunes depuis des années avec des résultats : des titres mondiaux en individuel (Léo-Paul Etienne en 2014 et Tessa Thyssen en 2015, ndlr) et des podiums par équipes (vice-champion du monde junior par équipes en 2014 et 2015; champion du monde en relais en 2015; ndlr). On va évidemment mettre l’accent sur la préparation olympique avec les surfeurs de la catégorie Open, mais sans oublier la relève. On ne sait pas si le surf sera aux Jeux de 2024, mais quoi qu’il arrive, on poursuivra l’accompagnement de nos meilleurs Open et de nos meilleurs jeunes. »

« L'équipe de France est aux Mondiaux du Costa Rica pour retrouver sa place dans la hiérarchie mondiale »

La DTN va devoir composer avec les surfeurs tahitiens pour les sélections olympiques. Y avez-vous déjà réfléchi ?
« On attend la décision de l’ISA pour la prise en compte obligatoire de cette particularité. On verra quelles seront les instructions de notre fédération internationale en relation avec le CIO. Ça se fait dans les autres sports, il n’y a pas de souci. On appréhendera ce changement qui sera très certainement d’intégrer le potentiel tahitien dans nos sélections, comme on intègre déjà le potentiel de nos surfeurs des départements d’outre-mer. »

L’équipe de France participe en ce début du mois d’août aux World Surfing Games au Costa Rica (6-14 août), avec comme objectif principal de retrouver un classement dans la hiérarchie mondiale des nations. Quel serait le « bon » classement pour 2016 ?
« La première place (sourire) ! Un podium, pour ne pas dire plus, serait une très bonne chose pour le surf français. Qui sera à relativiser selon l’opposition. On est à quatre ans de l’échéance olympique. L’importance est de repositionner la France et la Fédération Française de Surf dans le ranking de l’ISA. Ça va être une édition particulière. Le Costa Rica est champion du monde par équipes, il accueille les World Surfing Games. Sans être irrévérencieux envers lui, le Costa Rica est dans les très bonnes équipes mais n’est pas une nation majeure. Si chaque pays assure une présence individuelle forte sur les Mondiaux de l’ISA, on va de nouveau voir se dessiner une hiérarchie plus révélatrice du niveau de chaque pays. »


CHRONOLOGIE

REACTIONS

INTERVIEW PRÉSIDENT FÉDÉRATION FRANÇAISE DE SURF


LE SURF AUX JO-2020
- Le format pour le surf aux JO de Tokyo 2020 sera de 40 surfeurs (20 hommes et 20 dames).
- La compétition olympique se fera dans les vagues de l’océan, pas dans une piscine à vagues.
- Les spots éventuels ont déjà été étudiés et sélectionnés
- La compétition se disputera sur deux semaines lors d’un Festival du surf
- La culture surf sera mise à l’honneur au cours de ce Festival avec une partie artistique (musique, peinture...) et une partie sportive où seront incluent les autres disciplines de la famille du surf comme le longboard, le bodyboard...
- Les procédures de sélection seront officialisées d’ici la fin 2016 ou en cours d’année 2017.
- Les qualifications pour les JO 2020 ne se feront pas avant 2018 ou 2019.
- Les 3 nations fortes du surf : USA, Australie et Brésil, pourraient avoir plus d’athlètes aux JO que les autres pays.
- Le CIO a déjà décidé d’un maximum d’athlètes par pays.
- La WSL soutient l’ISA et le projet olympique. Elle a d’ores et déjà assuré de la participation de ses meilleurs surfeurs.

LES JEUX OLYMPIQUES
Créés en Grèce en 776 avant JC, ils ont été rénovés à la fin du XIXe siècle par le Baron Pierre de Coubertin. Les premiers Jeux modernes ont lieu à Athènes en 1896. Ils sont organisés tous les quatre ans par le Comité international olympique. 206 pays sont représentés pour un total d’environ 10.500 athlètes amateurs et professionnels, hommes et femmes. 35 disciplines sont au programme.
Site web officiel : www.olympic.org

L’INTERNATIONAL SURFING ASSOCIATION
L'International Surfing Association ou ISA est la Fédération international de surf, seule reconnue par le Comité international olympique (CIO) en tant qu'autorité d'administration mondiale pour le surf. Créée en 1964 sous le nom de l'International Surfing Federation (ISF), elle a été renommée ISA en 1976. Elle organise les championnats du monde de surf depuis 1964, et les championnats du monde juniors depuis 1980.
L'ISA est l'autorité régissant le monde pour le surf et toutes ses disciplines, y compris le bodyboard, le kneeboard, le longboard, le tandem, le skimboard, le bodysurf et le Stand Up Paddle. L'ISA travaille au développement du surf dans ses pays membres (100).

Dernière modification le : 13 mai 2019
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