Quatre Français aux Jeux Olympiques de Paris-2024

Comme à Tokyo-2020, la France aura quatre athlètes sur l'épreuve de surf des Jeux Olympiques de Paris-2024. Johanne Defay, Vahiné Fierro, Kauli Vaast et Joan Duru sont provisoirement* qualifiés pour la compétition olympique à Tahiti (27 juillet - 5 août). 


C'était l'objectif annoncé de la Fédération et le contrat est rempli. Après Johanne Defay, seule Française sur le WSL Championship Tour en 2023, puis Vahiné Fierro et Kauli Vaast sur les World Surfing Games 2023, Joan Duru est parvenu à arracher le second et dernier quota nominatif messieurs samedi dernier lors des World Surfing Games 2024.
Le quatuor tricolore entre désormais dans une ligne droite d'un peu plus de quatre mois pour finaliser sa préparation sur les compétitions professionnelles et sur la vague si exigeante de Teahupo'o, site des Jeux.

A 30 ans, Johanne Defay va vivre ses deuxièmes JO consécutifs. Neuvième à Tokyo-2020, elle a depuis pris toute la mesure du rendez-vous universel quadriennal qui pourrait être le dernier de sa riche carrière. Originaire de la Réunion, où elle a appris le surf et où elle vit et s'entraîne à l'année quand elle n'est pas sur le tour mondial, Defay a signé ses plus beaux exploits sur les vagues de récif. Ses victoires en CT à Fidji, Bali et Java attestent de son aisance sur les vagues de corail. Elle l'est pourtant moins dans le tube méga puissant de Teahupo'o. Mais a travaillé dur ces derniers mois pour apprivoiser autant la vague que son appréhension.

Joan Duru (photo ci-dessus) vit les derniers moments d'une très riche carrière. Champion du monde en 2021, le Landais de 34 ans n'avait pourtant pas été qualifié quelques mois plus tard pour les premiers Jeux de l'histoire. Trois ans plus tard, il a forcé les portes de son destin en allant chercher le dernier quota nominatif à Porto Rico. Finaliste des World Surfing Games pour la troisième fois en cinq ans, Duru a démontré qu'il était un compétiteur hors normes. Avec un répertoire complet, il excelle notamment dans les tubes. Chez lui dans les Landes mais aussi sur les vagues de récif. Son quart de finale au Tahiti Pro 2018, lors de sa deuxième année sur le CT, atteste de sa capacité à performer dans quatre mois sur le spot olympique.

On parle d'elle comme de la "Queen of Teahupo'o", traduisez "la Reine de Teahupo'o". Vahiné Fierro est très certainement aujourd'hui la meilleure surfeuse au monde sur la vague de la presqu'île. Elle y a passé des jours, des semaines, des mois, des années à s'entraîner. Repoussant ses limites session après session. Demi-finaliste du Tahiti Pro en 2022 et 2023 pour lequel elle avait reçu une wild card, la jeune femme (24 ans) originaire de l'île de Huahiné, est désormais installée dans le village du bout de la route. Au plus près de la vague sur laquelle elle veut entrer dans l'histoire du surf et la légende du sport français.

Cinquième des Mondiaux 2023 et qualifié pour les Jeux. Troisième des Mondiaux à Porto Rico la semaine dernière. Kauli Vaast (22 ans) continue d'écrire son histoire en lettres capitales. Aussi à l'aise sur la vague de Teahupo'o qu'un débutant sur les mousses d'un beach break, Vaast sait tout faire sur une vague qu'il connait par coeur. Son aisance, son audace, son sens marin, et désormais sa maturité en compétition, en font un des grands favoris des JO à venir. Sa relation avec le spot mythique de la presqu'île, débutée à l'âge de 8 ans, appelle aussi au mystique. Le fameux mana qui entoure les lieux semble envelopper le tahitien et le pousse dans tout ce qu'il réalise sur cette vague.

* La qualification est sous réserve de validation en Commission Consultative des Sélections Olympiques du CNOSF.

Les bios des quatre qualifiés provisoires
Johanne Defay
Vahiné Fierro
Kauli Vaast
Joan Duru

En plus des quatre athlètes, l'équipe de France dispose d'un atout majeur : Jérémy Florès. Le manager terrain de l'équipe de France est le seul Français à avoir remporté le Tahiti Pro. En 2015, il avait dominé un certain Gabriel Medina dans une finale historique. Quatre ans plus tôt, Florès avait obtenu la note parfaite de 20/20 dans une série légendaire face à Michel Bourez. Aujourd'hui à la tête du staff technique, Florès connaît parfaitement les quatre qualifiés. Il a le même âge que Joan Duru avec lequel il a partagé les équipes de France juniors et Open ainsi que les compétitions du tour professionnel. Il a participé financièrement il y a 10 ans au lancement de la carrière de Johanne Defay, comme lui originaire de la Réunion, alors que les sponsors avaient lâché la jeune qualifiée sur le CT. Enfin, il a vu grandir Kauli Vaast et Vahiné Fierro sur les vagues de Tahiti où il réside depuis 15 ans. Et dirige depuis des mois leurs entraînements, particulièrement sur la vague de Teahupo'o. Enfin, il a su tirer le meilleur des coachs de l'équipe de France pour l'encadrement technique du groupe France.


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Stéphane Corbinien : « Une performance d'équipe et une performance XXL de Joan Duru »

« Le contrat est rempli grâce à une performance d'équipe et une performance XXL de Joan Duru » note le directeur de la performance Stéphane Corbinien. « Sportivement, c'est une belle revanche sur sa non qualification pour les Jeux de Tokyo-2020 qui avait été très difficile à vivre pour lui alors qu'il avait été sacré champion du monde sur les World Surfing Games 2021. Il a travaillé dur, il est parvenu à rebondir et aller chercher sa place pour les Jeux. »
Pour Stéphane Corbinien, « la France a validé son objectif de quatre quotas mais il reste une petite amertume car on est passé tout près du 3e quota messieurs. Comme on était passé tout près du 3e quota dames aux World Surfing Games 2022 à Huntington Beach. Comme l'an dernier, la France se classe de nouveau deuxième au classement des nations. On est dans une belle dynamique, il ne faut rien lâcher. » A l'heure du bilan, il relève la belle attitude de Kauli Vaast qui « a joué le jeu de l'équipe à fond et fait une compétition remarquable en finissant troisième », tout comme Johanne Defay « irréprochable qui a encore une fois été chercher le podium individuel pour l'équipe de France ». Mais aussi Tessa Thyssen qui « a fait une très belle compétition elle aussi » en terminant 12e. Quant à Vahiné Fierro, il assure qu'elle « va s'entraîner pour rebondir sur les prochaines compétitions et être prête pour les Jeux. »
Et le directeur de la performance de se projeter sur Paris-2024 : « On a encore du temps pour travailler et préparer les Jeux qui sont l'objectif prioritaire de cette année. » Et sur 2028 : « Marco Mignot a fait une compétition remarquable à Porto Rico. On l'a mis sur nos tablettes, il représente l'avenir du surf français. »
En conclusion, Stéphane Corbinien tient à féliciter « les six athlètes qui ont fait une très belle campagne et obtenu de très bons résultats dans un esprit collectif remarquable », tout comme il félicite « le très gros travail de tout le staff technique. On avait réalisé un stage de préparation en novembre dernier à Porto Rico durant lequel on avait mis les athlètes dans le dur. »
Si les surfeurs qualifiés vont désormais concourir sur les circuits mondiaux de la WSL, l'équipe de France devrait se retrouver en mai-juin autour du Tahiti Pro, épreuve test à deux mois des Jeux. Une répétition grandeur nature pour les athlètes et l'équipe technique.


LES RÉSULTATS DES FRANÇAIS AUX MONDIAUX
Johanne Defay : 3e place
Kauli Vaast : 3e place
Joan Duru : 4e place
Marco Mignot : 9e place
Tessa Thyssen : 13e place
Vahiné Fierro : 41e place